Parce que Catherine Major se présentera seule devant le public du festival Coup de coeur francophone, le 14 novembre, la chanteuse et Yann Perreau se présentent ensemble devant le journaliste. Au programme de la conversation, chansons nues à l'horizon, voix et piano. Propos recueillis par Alain Brunet.

«Catherine m'a demandé d'être l'oeil extérieur, l'oreille extérieure. Elle sait ce qu'elle veut. Elle avait déjà pris une direction, elle disposait d'une banque de chansons. On a beau savoir ce qu'on veut, avoir plein d'idées, mais on a besoin d'un filtre, on a besoin d'un miroir. Puisque nous nous connaissons depuis longtemps et que la confiance règne entre nous, j'ai fait ce qu'on a fait pour moi lorsque j'ai invité Michel Faubert et Brigitte Poupart pour mes propres shows. Soit dit en passant, j'ai déjà fait ça pour d'autres, et j'ai gagné la meilleure mise en scène de mon propre show en 2007. Depuis, j'ai travaillé avec plusieurs collègues, notamment aux shows de Champion, Queen Ka, Chinatown, Ines Talbi, etc. Je suis donc auteur, compositeur, chanteur, mais aussi metteur en scène.»

- Yann Perreau

«Personne n'est mieux placé qu'un chanteur pour savoir ce que c'est que de se trouver sur scène... pour chanter! J'ai assisté à quelques-uns de ses shows et j'ai vu qu'il rendait une performance que je ne qualifierais pas d'intense, un qualificatif que je n'aime pas trop. Je choisirais plutôt, euh...»

- Catherine Major

«Une performance habitée, ce que Catherine fait aussi très bien.»

- Yann Perreau

«Oui, c'est ça! Habitée. Yann et moi ne faisons pas dans le même style du tout, mais dans l'énergie, on se rejoint. C'est la première fois que j'assume un spectacle complet, seule sur scène. Au départ, je me disais que ce serait cool, mais... lorsque je me suis mise au travail, j'ai réalisé que je ne pourrais pas faire ça toute seule, impossible. C'est même plus difficile à monter qu'avec des musiciens! Et puisque Yann donne beaucoup sur scène, que l'amitié nous lie et que je cherchais à travailler avec lui depuis un moment...»

- Catherine Major

«Catherine a une formation classique, elle est une virtuose du piano en plus d'être une vraie chanteuse. Or, cette grande voix, on ne l'a pas entendue seule avec piano. On n'a pas découvert ce diamant. Au fil des résidences et spectacles déjà faits avant le Coup de coeur, elle réalise elle-même cette montagne qu'elle a gravie. Ce n'est pas rien! Il faut donc qu'elle montre cet art en solo dans un show qui, je crois, va faire un gros boum. Nous avons travaillé avec JeanFrançois Couture aux éclairages, un des meilleurs de notre métier, et LouisSimon Hétu à la sonorisation. C'est Catherine Major à l'état pur, personne autour d'elle n'arrive avec ses gros sabots; on a fait en sorte que l'enrobage soit simple, épuré, digne de son talent.»

- Yann Perreau

«Nous avons lancé beaucoup d'idées que nous n'avons pas retenues finalement. Moi, je trouvais parfois qu'il manquait quelque chose et on m'a dit que je n'en avais pas besoin. C'est très sobre comme concept.»

- Catherine Major

«Mais c'est tellement riche! Oui, il a été question d'installer une pédale à boucle (loop station), mais... une fois l'ordre des chansons établi, où donc insérer ça?! On a pensé à des projections, mais... lesquelles? Ce que Catherine voulait dès le début de l'aventure, c'était montrer ses chansons à l'état brut. Si on se met alors à vouloir jouer avec un paquet de bebelles, on crée une distraction dans la salle et ce n'est pas là qu'on veut aller. On veut aller vers l'intensité, la densité, la légèreté d'une neige folle, puis un vent de printemps qui se lève. Il fallait installer tout ça, prendre là route avec elle. Et c'est ce qu'on a fait.»

- Yann Perreau

«Plus précisément, le répertoire au programme est un mélange de mes deux derniers albums [Le désert des solitudes et Rose sang]. Il y a aussi des reprises, dont une de la grande Nina Simone. J'avais d'abord pensé à Barbara, mais j'ai préféré sortir de ma zone de confort. Il y a aussi un petit bout de musique instrumentale, clin d'oeil d'une minute à Chopin - extrait de sa Ballade #1 en sol mineur Opus 23 - et un autre moment instrumental joué dans l'inspiration du moment.

«Actuellement, d'ailleurs, je joue plus que je crée. J'ai accouché il y a quatre mois de ma deuxième fille, Margot, Frédérique étant la première. Je suis dans l'allaitement, je n'ai pas de créativité à tout casser, je capote un peu... Aujourd'hui en tout cas, ça me fait plus de bien de jouer que de créer. Je culpabilise, je n'ai pas d'élan créatif, mais je sais que ça va revenir. C'est un peu pour ça cette tournée-là, comme c'est le cas pour ce concert où je jouerai un mouvement de Ravel avec l'Orchestre symphonique de Québec, le 19 décembre. Pour le prochain album? Je ne veux pas me presser... Je ne sais pas à quelle vitesse ça va se faire et quand ça sortira.»

- Catherine Major

Catherine Major, au Club Soda le 14 novembre, à 20 h, dans le cadre de Coup de coeur francophone.

Première partie: Les Gourmandes.