Patrice Michaud revendique du même souffle ses racines country et son admiration pour Perec. Ce n'est pas une posture, mais les pôles entre lesquels il trouve l'espace où poser son folk profondément terre à terre et nourri d'ambitions littéraires. Le chansonnier gaspésien s'arrête à L'Astral ce soir dans le cadre de Coup de coeur francophone.

Il n'y avait qu'un gars en lice pour le Félix de la révélation de l'année au dernier gala de l'ADISQ.

Un grand gaillard au tempérament chaleureux, la trentaine saine d'esprit. Il n'a pas remporté ce trophée convoité - c'est Lisa LeBlanc qui l'a dans son appartement. Son travail a néanmoins été remarqué: son disque Le triangle des Bermudes a été primé pour la réalisation (signée David Brunet) et le chanteur a remporté le Félix du meilleur... scripteur.

Ne pas être récompensé pour ses chansons, mais pour ce qu'on dit pour les lier les unes autres ressemble à un prix de consolation. Pas pour Patrice Michaud. Parler entre les tounes fait partie de son projet artistique. «Quand j'ai commencé à faire de la musique, je parlais autant sinon plus que je chantais. Et ce n'était pas toujours intéressant, rigole-t-il. Je m'y suis attelé.»

Monologue? Conte? Il ne veut pas mettre d'étiquette sur cette partie de son artisanat qui lui donne l'impression de parler directement aux gens. «Je suis un amateur de formes brèves», résume le chanteur, qui a fait des études en littérature à l'Université Laval. Il ajoute aimer les contraintes (l'amateur de Georges Perec en lui, sans doute), la concision et «laisser imaginer en disant peu».

Sa plume, précise et économe, peut en effet se révéler diablement évocatrice. Une chanson comme On fait comme si est faite d'une succession d'images arrachées au quotidien, mais si bien agencées qu'un film se déroule naturellement dans notre tête lorsqu'on l'écoute. Patrice Michaud étonne par ailleurs par la franchise avec laquelle il affiche ses influences françaises et le country-folk.

«Je suis content de ça. Je n'ai surtout pas voulu choisir entre les deux, explique-t-il. Ça me créait un beau problème: garder ces deux réalités-là et faire un disque qui soit organique dont on ne pourrait pas dire que je me cherche entre ces deux pôles. Même si, à la rigueur, c'est vrai que je me cherche parce que je suis né entre les deux!»

Dix-huit mois après la sortie de son premier disque, il se réjouit de voir que sa tournée connaît une longévité inespérée (140 spectacles en 13 mois, dit-il), mais commence à songer à son prochain disque. «J'ai une zone de folk tranquille, mais je suis frustré dans mon rock, révèle-t-il. J'ai une profonde envie d'ouvrir la machine. Je suis serein avec mon country à cause du premier album. Là, je veux faire la paix avec mon rock!»

Ce soir, 20h, à L'Astral, en programme double avec Les soeurs Boulay