Le Festival international de la chanson de Granby est sans contredit le concours qui a propulsé le plus grand nombre d'artistes au Québec. Malgré l'immense popularité des émissions de télévision comme Star AcadémieLa voix et Mixmania, ce concours est toujours resté aussi pertinent. Retour sur cet important rendez-vous musical, dont la 50e édition s'ouvrait hier soir.

« C'est le concours qui a le plus de prestige. C'est la grande totale, dit Damien Robitaille, qui fut finaliste du concours en 2004. À cause de sa longévité, et aussi par ses concurrents. La liste des personnes qui sont passées par le festival est tellement impressionnante ! Et le festival a su évoluer avec le temps et s'adapter à la nouvelle réalité de l'industrie. »

Depuis la fin des années 60, le concours du Festival international de la chanson de Granby (FICG) a permis à une multitude d'artistes de tous les genres de se faire découvrir par le public québécois. Que ce soit des interprètes ou des auteurs-compositeurs, la liste est bien longue et traverse cinq décennies : Marie Denise Pelletier, Jean Leloup, Luc De Larochellière, Lynda Lemay, Nelson Minville, Isabelle Boulay, Térez Montcalm, Dédé Fortin, Jean-François Breau, Dumas, Pierre Lapointe, Alexandre Désilets, Patrice Michaud, Lisa LeBlanc, Safia Nolin, pour ne nommer que ceux-là.

À un jeune qui veut faire carrière dans la chanson, Damien Robitaille conseillerait de participer à un concours comme celui de Granby.

« En fait, ça dépend de ce que tu veux. Si tu veux être connu rapidement, va faire La voix. Mais si tu veux vraiment travailler ton art et que tu as une démarche artistique, je crois que tu es mieux d'aller au Festival de Granby. »

- Damien Robitaille, auteur-compositeur-interprète

Érick-Louis Champagne, du FICG, confie que les concours de chant télévisés comme Star Académie et La voix ont tout de même changé la donne au fil des années.

« Nous voyons un peu moins d'interprètes s'inscrire à notre concours. Il y a surtout des auteurs-compositeurs. Les interprètes ne sont pas exclus, mais peut-être qu'ils choisissent une avenue différente. Mais à part ça, ça n'a pas réduit la qualité des postulants », explique le directeur général adjoint.

Depuis quelques années, il y a également les concours « Petit festival » pour les enfants et « Jamais trop tôt ! » pour les adolescents.

Et pourquoi les futurs artistes de la chanson devraient-ils passer par un concours ? « Quand un concours offre l'occasion de recevoir tellement de formations, la question est surtout : pourquoi ne pas en profiter ? », répond Érick-Louis Champagne.

Andréanne A. Malette adore le festival de sa ville natale. Elle a été finaliste au concours, et par la suite, elle en fut la porte-parole et membre du jury. Depuis cinq ans, elle est directrice artistique et metteure en scène du volet pour les adolescents.

« Je commence à recevoir des [anciens participants du] "Petit festival" dans mon "Jamais trop tôt !". Et des participants de "Jamais trop tôt !" commencent à participer au "Grand concours". C'est comme l'école : primaire, secondaire et université ! On les voit évoluer. C'est vraiment pertinent comme environnement pour grandir en tant qu'artiste », dit l'auteure-compositrice-interprète, qui a participé à Star Académie après son passage au concours de Granby.

OUVERTURE SUR LE MONDE

En plus des trois concours de chanson, l'événement est véritablement devenu un festival au cours de la dernière décennie, en offrant des spectacles avec des artistes établis.

Parmi ceux qui seront présentés au cours des prochains jours, il y a Musique de notre monde, animé par Mélissa Lavergne.

« On espère que ça va devenir une tradition où, chaque année, on va jumeler des parrains avec de nouveaux artistes. »

- Mélissa Lavergne, animatrice du spectacle Musique de notre monde

Le concept est d'associer des chanteurs bien connus comme Daniel Bélanger, Paul Piché, Hubert Lenoir et Martine St-Clair à des artistes nés à l'extérieur du pays et qui vivent au Québec.

« On veut donner aux gens des communautés culturelles le goût de chanter en français et de découvrir notre répertoire francophone. Et au public de Granby qui est habitué à la chanson francophone, on veut faire découvrir de nouveaux artistes », ajoute Mélissa Lavergne.

En ce qui concerne la suspension du directeur général du FICG, Pierre Fortier, pour « des comportements et commentaires inadéquats en milieu de travail », Érick-Louis Champagne n'a pas voulu commenter la situation. Le rapport d'enquête, menée par une firme spécialisée en ressources humaines, devrait être remis d'ici la fin du mois.

Quant à la 50e édition du festival, elle se poursuit jusqu'au 26 août.

Photo Marco Campanozzi, Archives La Presse

Andréanne A. Malette