Cinq spectacles à ne pas manquer au Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV) qui s'ouvre aujourd'hui et se poursuit jusqu'au 20 mai.

Hommage à Walter Boudreau

Avant qu'il soit associé à la musique contemporaine instrumentale, Walter Boudreau était saxophoniste de jazz, puis a donné dans les musiques psychédéliques d'avant-garde incluant les cultures rock, jazz, orientales et classiques occidentales. Voilà qui justifie un hommage en deux volets. La partie «givrée» relate L'Infonie, un des collectifs les plus marquants de la modernité québécoise; sous la direction de Philippe Hode-Keyser, 12 jeunes musiciens reliront Paix, la pièce maîtresse du meilleur album de L'Infonie, Volume 333. Dans le cadre du volet «sérieux» de cet hommage, l'Ensemble de la société de musique contemporaine du Québec - dont Walter Boudreau est le directeur artistique et chef principal depuis trois décennies - exécutera Solaris (Incantations VIII-IXh). Composée en 2012-2013 par Boudreau pour le 25e anniversaire du Nouvel ensemble moderne, cette pièce s'inscrit dans un vaste cycle d'oeuvres, «Le Cercle Gnostique».

Au Carré 150 ce soir, à 20 h.

LE quatuor de saxophones

Bruce Ackley, soprano, Steve Adams, soprano et sopranino, Larry Ochs, ténor, Jon Raskin, baryton. Depuis 1988, c'est-à-dire une décennie après la fondation du Rova Saxophone Quartet, ces quatre souffleurs de San Francisco évoluent entre la musique contemporaine et le free jazz. Pour rester frais, ces saxophonistes n'ont cessé de multiplier les projets spéciaux, notamment la relecture récente d'Ascension de John Coltrane, ou bien des collaborations avec solistes, instrumentistes et électroacousticiens de haut niveau, ou encore avec des orchestres comme le Nels Cline Singers. La vie du Rova Saxophone Quartet a démarré plus ou moins avec celle du FIMAV, ce qui explique sa cinquième invitation dans les Bois-Francs. Raison de plus d'étirer les célébrations du 40e anniversaire de cet ensemble considéré par plusieurs comme LE quatuor de saxophones.

À l'église Saint-Christophe d'Arthabaska demain, à 20 h.

Samedi japonais

Un voyage récent de Michel Levasseur au Japon l'a mené à réunir plusieurs artistes dont le travail est construit sur mesure pour le FIMAV. D'abord, la réalisatrice et compositrice électro Phew, anciennement associée au punk hardcore et qui fait aujourd'hui dans l'ambient et le drone, oeuvre plus introspective incluant la voix. Il faut écouter les excellents albums Light Sleep et Voice Hardcore pour le réaliser. La table sera mise pour le Saicobab, dont la transculture asiatique (Yoshida Daikichi, sitar indien, YoshimiO, voix, Hamamoto Tomoyuki, percussions) n'exclut pas une facture assez survoltée merci, que d'aucuns étiquettent raga grindcore, rien de moins! On coiffera la soirée par le concert d'Afrirampo, duo clairement punk hardcore et noise rock constitué de deux redoutables guerrières: Oni, guitare et voix, Pika, batterie et voix... White Stripes et Black Keys n'ont qu'à bien se tenir!

Au Colisée des Bois-Francs samedi, à 22 h et à minuit.

Trois solos, trois jours

Trois concerts solos en autant de jours sont présentés à l'église Saint-Christophe d'Arthabaska. L'altiste helvète Charlotte Hug s'amène en premier lieu; on lui accorde une place importante dans les réseaux européens de la musique improvisée, notamment au sein du London Improvisers Orchestra et du Quatuor Accorde de Tony Wren. Puis, le Français (et certainement d'origine celte avec un tel nom) Erwan Keravec pourrait en sidérer plus d'un, car il s'applique depuis au moins 10 ans à mener la cornemuse sur le champ des musiques contemporaines et improvisées. Enfin, la Montréalaise Lori Freedman offre un concert de clarinette et de clarinette basse assorti de chants improvisés, nouveau chapitre d'une quête très appréciée des mélomanes de la musique actuelle.

À l'église Saint-Christophe d'Arthabaska demain, samedi et dimanche, à 13 h.

Sommet bruitiste

Le bruitisme est l'une des grandes spécialités du FIMAV. Le sommet prévu pour cette édition réunit le Japonais Merzbow (électronique), le Suédois Mats Gustafsson (saxophone baryton, électronique) et le Hongrois Balázs Pándi (batterie). Oreilles sensibles s'abstenir de cette éruption annoncée de déflagrations acoustiques, analogiques et numériques, maelstrom duquel on finit immanquablement par extirper de la beauté si on se prête au jeu. On sait que Merzbow et Mats Gustafsson sont des habitués de Victo, réputés artilleurs de la musique contemporaine improvisée, alors que Balázs Pándi gagne à être connu pour son jeu phénoménal sur ce terrain accidenté, pour employer un euphémisme.

Au Colisée des Bois-Francs, dimanche, à 22 h.

Photo Shinryo Saeki, fournie par le FIMAV

Afrirampo