Parce qu'il n'y a rien de plus triste qu'un clown seul, l'anglo-montréalaise Kendall Savage a tendu la main à ses co-clowns pour créer le premier festival consacré à l'art clownesque à Montréal. Spectacles, cabarets, ateliers et conférences ont été programmés au Théâtre MainLine jusqu'au 2 octobre. Comme les femmes-clowns ne courent pas les rues, La Presse a parlé à quatre d'entre elles.

Vanessa Kneale

Formée en danse contemporaine, Vanessa Kneale a longtemps cherché le moyen d'exprimer son humour. Elle a finalement choisi la voie clownesque, en s'inscrivant à l'École de clown et comédie Francine Côté. Avec sa partenaire de scène, Janie Pinard, elle forme le duo Bunheads. «Moi, je suis le clown blanc, celle qui a le plus d'autorité, qui est colérique, compétitive. Elle est le clown rouge; elle est plus naïve, mais pas nécessairement maladroite. On dit parfois qu'on est des ‟Smart Red"», explique-t-elle en riant. Cette année, les deux jeunes femmes âgées de 28 et 22 ans ont présenté un numéro à l'émission America's Got Talent. Depuis, elles ont présenté leur numéro dans des émissions équivalentes en Italie, en Allemagne et en France.

Tamara Bousquet

Tamara Bousquet forme un duo avec l'artiste-clown Philippe Trépanier. Formée en Californie, la jeune femme s'est jointe à Philippe Trépanier il y a un an. Sur scène comme dans la vie. «On est deux clowns rouges, un peu naïfs et maladroits, explique-t-elle. Mon personnage est très glamour, mais en fait, elle tourne en dérision les stéréotypes féminins. Lui voudrait bien être le chef, mais ça ne marche pas vraiment... On joue bien sûr sur notre relation de couple, il y a beaucoup d'autodérision», détaille l'artiste inspirée par l'humour de Monty Python. Le duo, qui se produira en Allemagne dans les prochains mois, planche sur un nouveau spectacle baptisé Les deux de pique.

Krin Haglund

Krin Haglund est l'une des artistes-clowns les plus charismatiques de la scène montréalaise. Son spectacle The Rendez-vous a été présenté à Montréal complètement cirque il y a deux ans. Elle se définit comme une clown neutre. «C'est moi, avec tout mon côté physique», dit celle qui fait également un numéro de trapèze dans son spectacle. «J'ai été très influencée par Daniele Finzi Pasca [on l'a vu dans Rain, du Cirque Éloize], qui m'a fait prendre conscience de la fragilité et de l'humilité du clown. Mais en même temps, j'ai un côté toqué que j'aime montrer sur scène.» Cette Montréalaise d'adoption (elle est d'origine norvégienne) prépare un nouveau spectacle avec l'artiste de cirque Gisle Henriet. Le titre provisoire: Eat Sweet Feet.

Priscilla Costa

Priscilla Costa est l'une des clowns-invitées du festival. Cette jeune femme née à Vancouver (de parents portugais) a créé un personnage de clown-bouffon surnommé Mona Monaé. Après avoir étudié dans une école de beaux-arts, elle s'est lancée dans l'arène clownesque. «Je m'ennuyais à mourir!» nous a confié la jeune femme formée plus tard par le clown Massimo Agostinelli - qui a travaillé avec le Cirque du Soleil - et le Français Philippe Gaulier. «Mon personnage a de multiples personnalités. Elle a l'impression d'être très importante, mais elle est marginale. Elle a un côté provocateur et méchant, mais on le lui pardonne parce qu'on s'amuse beaucoup avec elle. Elle a un immense derrière, mais elle en est fière ! Avec tous ses travers, je peux lui faire dire beaucoup de choses!»

Photo André Pichette, archives La Presse

Krin Haglund