L'an dernier, le promoteur evenko n'a eu qu'un mois pour boucler la programmation d'ÎleSoniq, après s'être entendu avec ses partenaires pour la création de l'événement. Le festival a malgré tout attiré 35 000 festivaliers en deux jours par un temps exécrable, alors que ses organisateurs en espéraient seulement 20 000.

«À sa première édition, le festival a attiré autant de gens qu'Osheaga à sa quatrième année», se réjouit Évelyne Côté, programmatrice d'evenko qui se consacre davantage à la programmation d'ÎleSoniq.

«Je me suis spécialisée en musique électronique vu la demande du public et le besoin au sein de notre équipe, raconte-t-elle. Depuis mon arrivée à la programmation d'Osheaga en 2010, on a vu la scène Piknic doubler, puis quadrupler en termes de capacité, de production et d'auditoire.»

Avec le Piknic Électronik et l'Igloofest, Montréal constitue un berceau naturel pour un événement extérieur rassembleur. La culture de la musique dansante et électronique est forte, notamment chez les jeunes et dans la communauté gaie.

«La musique électronique s'infiltre partout, de la pop au hip-hop, et les gens ont envie de sortir des clubs pour voir leurs artistes favoris jouer dehors, indique Évelyne Côté, programmatrice d'evenko. Cela permet à ÎleSoniq d'être complètement éclaté, avec des effets spéciaux et des éléments de décor étranges, poursuit la programmatrice. On transforme carrément le parc Jean-Drapeau pour chacun de nos trois festivals.»

Sortir de l'EDM

Évelyne Côté a fait beaucoup d'études de marché et d'écoute de musique en ligne. Elle a analysé l'organisation de festivals comme Ultra (l'équivalent électronique du festival Coachella) et Electric Daisy Carnival. Elle a participé à la Miami Music Week et aux conférences en marge de l'Amsterdam Dance Event. «Avant d'avoir un buzz dans le public, tu as un buzz dans l'industrie», indique-t-elle.

La mode de l'EDM (electronic dance music) a fait naître ÎleSoniq. Or, la popularité du genre s'essouffle, constate-t-on dans l'industrie.

Le promoteur evenko s'y attendait. «Le propre des tendances, c'est d'être fortes puis de mourir. On savait que cette manne commerciale qu'on appelle l'EDM - avec des trucs très commerciaux, radiophoniques et énergiques, destinés aux jeunes - était une introduction à la musique électronique, indique Évelyne Côté. ÎleSoniq est né dans la mouvance des festivals EDM, mais son public est plus curieux, téméraire et sélectif. Cette année, on a décidé d'ouvrir les vannes plus underground.»

La programmatrice cite des noms comme le groupe sud-africain de rap-rave Die Antwoord, le DJ Green Velvet, l'artiste underground californien Get Real, le duo électro Odesza et l'événement Pardon My French du Parisien DJ Snake.

Elle remarque que les amateurs de musique électronique se cantonnent moins dans un genre. «Comme on l'a vu dans l'indie rock de 2005 à 2010, les gens ont moins de complexes avec leurs plaisirs coupables.»

Pour sa deuxième mouture, ÎleSoniq ratisse large, avec un mélange de techno, de future house, de bass music, de deep house, de trance et de pop. «À la manière d'Osheaga, c'est un festival équilibré et diversifié, et on veut en faire un festival-destination», conclut Évelyne Côté.

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Au parc Jean-Drapeau les 14 et 15 août.