À 27 ans, Myriam Bleau a le vent dans les voiles. Soft Revolvers, son oeuvre la plus récente, fait le tour de l'Occident et l'impose sur les scènes consacrées à l'art numérique. Voilà qui justifie amplement la place que lui fait le festival Elektra, jeudi, à l'Usine C.

Soft Revolvers désigne la «douce révolution» d'un objet et s'inspire de l'imaginaire gangsta rap. Cette performance consiste à faire tourner sur une table quatre toupies d'acrylique translucide conçues par l'artiste. L'effet gyroscopique de ces objets active l'émission de sons et de lumières.

«À l'intérieur des toupies, des capteurs détectent la vitesse et l'accélération de la rotation, explique-t-elle. Les toupies sont aussi équipées d'émetteurs wi-fi qui transmettent les données des capteurs à mon ordinateur.»

Pour Myriam Bleau, il y a une relation ouverte entre ses gestes, les comportements de ses objets et les sons programmés à l'ordinateur.

«J'ai un plan d'intervention qui correspond à un canevas de composition, dit-elle. Je sais ce que les toupies peuvent émettre, mais il y a toujours une part d'aléatoire, car elles sont imprévisibles.

«Les toupies m'obligent à être physique sur scène. Je dois, par exemple, toujours éviter qu'elles ne quittent la table. Je dois sans cesse intervenir et déclencher les sons prévus.»

Dans cette optique, son intervention sur scène est la clé de son succès.

«Dès qu'un artiste introduit un ordinateur sur scène, une ambiguïté s'installe chez le spectateur. Qui fait le travail? L'artiste ou l'ordi? C'est pourquoi je veux conserver ce pouvoir d'intervention sur ce que j'accomplis devant le public. Je veux que les gens perçoivent clairement que la musique vient de moi.»

L'art numérique avant le jazz

Soft Revolvers a été conçu de janvier à juillet 2014. Myriam Bleau a ensuite présenté les résultats de sa quête devant public. Au fil de ses présentations au Canada, aux États-Unis et en Europe, le concept n'a cessé d'évoluer.

Myriam Bleau est aussi pianiste et guitariste de formation.

«J'ai fait pas mal de musique instrumentale, du piano depuis l'enfance, puis de la guitare électrique vers l'âge de 18 ans. J'ai joué du jazz, du jazz-rock, de la musique contemporaine, un peu de pop et aussi du hip-hop.»

Pendant ses études en jazz, elle a suivi des cours en programmation et en traitement des sons, avant de s'inscrire à la maîtrise en musique électroacoustique. «J'avais le sentiment que le jazz ne me permettait pas autant de créativité, explique-t-elle. Je voyais plus de possibilités dans l'art numérique. Et puis ça fait longtemps que j'assiste aux festivals électroniques. Je trouve ça tripant.»

Avant de créer Soft Revolvers, Myriam a conçu Photomaton, jeu d'ampoules électriques dont l'intensité lumineuse et les mouvements sont associés aux sons électroniques.

«Mon prochain projet sera réalisé avec des instruments conçus exclusivement pour la performance en temps réel, annonce-t-elle. Tout doit faire partie de l'oeuvre.»

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À l'Usine C le 14 mai, 21h.