Après un samedi sur les rythmes du dancehall et du soca, le Festival international de reggae s'est conclu hier soir, au quai Jacques-Cartier, avec du reggae traditionnel.

Cette 11e édition a été couronnée de succès. Pourtant, l'excellente programmation a été menacée dès le premier jour par les intempéries. Mais force est de constater que la majorité des artistes présents avaient le sens du spectacle.

Avec de grands noms comme Maxi Priest, Demarco, Alison Hinds, Sean Paul, Luciano, Marcia Griffiths et Sanchez, le succès était garanti d'avance. Plus que des habitués de la scène, ces artistes représentent des périodes et des genres différents, ce qui a permis aux organisateurs de s'assurer la présence d'un public intergénérationnel.

Dimanche reggae

Pour les amoureux du reggae, la meilleure journée était sans aucun doute celle d'hier. Au programme, Marcia Griffiths, Luciano et Sanchez représentent, à eux seuls, trois univers de reggae distincts.

La soirée aura été marquée par la présence du consul de la Jamaïque, George Grant, qui a remis le prix Life Time Awareness à Marcia Griffiths pour commémorer ses 50 ans de carrière. L'artiste, qui est considérée comme la reine du reggae, s'est fait connaître au sein du groupe I Threes, qui accompagnait The Wailers (le groupe de Bob Marley).

«Marcia Griffiths est une pionnière du reggae. Elle fait partie des artistes qui étaient présents lorsqu'il était encore en évolution. De ses débuts humbles, elle est parvenue à amener les sons de Kingston aux capitales du monde», a dit M. Grant.

Entre Marcia Griffiths, la reine du reggae et Sanchez, le crooner du reggae, une prestation faisait le pont entre le dancehall et le reggae: celle de I-Octane, un jeune artiste jamaïcain bourré d'énergie qui, à plusieurs reprises, est descendu de scène pour chanter avec son public.

Au moment de mettre sous presse, Luciano s'apprêtait à monter sur scène pour conclure la soirée.

Samedi bottes de pluie et rythmes tropicaux

Samedi était sans doute la journée la plus énergétique et, malheureusement, elle a été la plus pluvieuse. Les artistes de la scène émergente jamaïcaine Kalado, QQ et Kiprich ont offert chacun une dose de divertissement. Même si Kalado manquait d'originalité, QQ et Kiprich ont été de belles surprises. Ils ont tous deux fait monter sur scène des gens du public pour des cours de danse jamaïcaine.

Pour ces artistes, qui chantaient avant Demarco, Alison Hinds et Sean Paul, le défi était de taille. Divertir un public qui les connaît à peine n'est pas un exercice facile. Mais QQ et Kiprich ont tout particulièrement réussi à animer la foule.

Vendredi le grand froid

Les débuts calmes du festival, sous une faible pluie et un grand froid, semaient le doute dans la foule, vendredi soir. Même si la chanteuse de reggae jamaïcaine Etana avait réussi à faire monter la température après la prestation peu mémorable de la Montréalaise Kaysha Lee, il était difficile de croire que le festival se déroulerait aussi bien.

Etana, c'est une voix, de bonnes paroles, des rythmes prenants et, surtout, une artiste qui sait engager son public. En plus d'interpréter des titres qui l'ont rendue populaire en Jamaïque - People Talk, Blessings ou encore Better Tomorrow - , elle a chanté des classiques du reggae comme You Don't Love Me (No, No, No) de Dawn Penn et Is This Love de Bob Marley, avant de céder sa place au loverboy Maxi Priest.

Pour ses 10 ans, le Festival international de reggae s'était offert Shaggy comme tête d'affiche et, cette année, Sean Paul. Qui sera la prochaine vedette? Impossible de le savoir, mais après cette 11e édition, on s'attend à de belles surprises - et on espère un peu plus de soleil.

On a aimé

Alison Hinds: la reine du soca

Alison Hinds mérite-t-elle toujours le titre de reine du soca? La prestation qu'elle a offerte samedi soir laisse croire que oui. À ce jour, la chanteuse barbadienne n'a toujours pas de rivale. Elle danse, saute et chante sur des beats et a cappella, sans fausse note. Une énergie épatante qui fait qu'on se demande si elle a vraiment 44 ans. Malgré une pluie persistante, l'artiste a réussi à faire bouger la foule en interprétant ses classiques - Born Wit It, Dis Is Jouvert, Roll It Gall.

On a aimé: Qu'elle commence à chanter a cappella la chanson Roll It Gall.

Sean Paul: Mr. International

Au moment où Sean Paul montait sur scène, samedi soir, le public était trempé jusqu'aux genoux. Après la prestation d'Alison Hinds, il était difficile de croire qu'il pourrait faire mieux. Mais Sean Paul sur scène, c'est plus que des titres à succès comme Get Busy, Temperature ou Give It Up To Me; c'est un artiste complet. Il maîtrise la scène et sait interagir avec son public, au point où les danseuses, pourtant talentueuses, n'auraient pas été pas nécessaires.

On a aimé: Le voir s'amuser sur scène, sa crête et ses chaussettes vertes.

Demarco: le jeune prodige

Dès son arrivée sur scène, samedi, l'artiste jamaïcain, considéré comme la relève du dancehall, a montré à son public pourquoi il méritait ce titre. Demarco n'a toujours pas sorti d'album. Le défi était donc de combler ce manque. L'artiste a ingénieusement mélangé ses chansons à succès - Fallen Soldier, I Love my Life - à des classiques de reggae - Three Little Birds de Bob Marley -, le tout accompagné de nombreuses blagues.

On a aimé: Demarco qui fait de l'autodérision sur ses aptitudes de danse (quasi inexistantes).

Maxi Priest: le loverboy

L'artiste aux dreadlocks qui tombent jusqu'aux cuisses a mêlé vendredi soir ses titres à succès - Wild World (une reprise reggae de la chanson de Cat Stevens, qui l'a fait connaître à l'international) et Believe in Love - à ceux de son dernier album Easy to love - Loving You Is Easy ou encore Holiday. Mais il ne faut pas se méprendre: qui dit chansons d'amour ne veut pas dire atmosphère ennuyeuse. Maxi Priest domine la scène, et ça se voit. L'artiste était bourré d'énergie, un ingrédient essentiel pour animer un public.

On a aimé: L'entendre interpréter le classique Wild World.

Photo: Catherine Lefebvre, collaboration spéciale La Presse

Alison Hinds