Martin Goyette est dans une bonne passe. Le mois dernier, avec son septette soul MG & the Skinny Bones, il a chanté au Festival de jazz devant une esplanade noire de monde. Samedi prochain, en trio augmenté, il retourne au FestiBlues de Montréal, 12 ans après y avoir remporté le concours qui l'avait envoyé brasser les affaires au Blues-sur-Seine de Mantes-la-Jolie.

Rien ne destinait le taupin de Saint-Henri au blues. Enfant, il écoutait la musique de ses parents: pour son père, ancien batteur, c'était Michel Pagliaro; sa mère, elle, faisait tourner Ginette Reno dont Martin Goyette admire toujours la puissance vocale.

Pas d'«histoires» de blues non plus: le jeune homme a grandi dans une famille unie, a toujours mangé à sa faim, ça c'est sûr, et n'a pas connu la violence. «Je ne me faisais pas vraiment achaler», dira-t-il avec le sourire, attablé au Green Spot de la rue Notre-Dame, un établissement mythique de Saint-Henri où il habite toujours. À 6' 2, 275 lb en effet, un ado se fait rarement achaler par les «tocsons» du coin et son énergie à lui, il l'a concentrée sur le football, qu'il a pratiqué à un haut niveau: Martin Goyette a été le centre attitré des Vulcains du Cégep de Victoriaville de la Ligue collégiale AAA.

Dans le temps, il écoutait du hip-hop - A Tribe Called Quest, Cypress Hill - jusqu'à ce qu'il tombe, en 1994, sur le CD From the Cradle, le premier disque tout blues d'Eric Clapton. La révélation! Martin Goyette faisait partie de la deuxième génération de Nord-Américains blancs à découvrir la musique traditionnelle des Noirs par l'entremise de musiciens britanniques. How Long Blues (Leroy Carr), Motherless Child (Robert Hicks), Hoochie Coochie Man de Willie Dixon, «le premier blues que j'ai chanté», dira «M.G.», qui a abandonné le piano pour l'harmonica et a fait partie de toutes sortes de formations d'allégeance blues et soul. Rock aussi? «Non. Le rock ne m'a jamais attiré...»

Aujourd'hui, il chante le blues en trio, accompagné du guitariste polonais Tytus Zurawski et du contrebassiste ontarien Jarrod Atkinson. Samedi (19 h), le trio profitera de l'apport additionnel du pianiste Brian Axford, un New-Yorkais qui a joué sur Sweet Warm Jelly (2013), le premier CD de Goyette. S'ajoutent aussi à la prestation les stars de l'école Blues Dancing, Gabriel Beauchamp et Sophie Gasparik.

Sweet Warm Jelly, où Martin Goyette donne sa pleine mesure comme chanteur, comprend entre autres Me and the Devil Blues de Robert Johnson, un de ses favoris, et Ain't Nobody's Business que pourrait aussi chanter Jordan Officer, qui le suit (20 h) dans le programme de samedi; Daniel Bélanger donnera le dernier concert de la soirée (21 h 15).

Le 17e FestiBlues débute ce soir à 18 h 30 au parc Ahuntsic - 18 $ pour 16 concerts! - avec des prestations d'Olivier Charles, Marie-Ève Fournier, Plateau Slam et de l'énergique quintette sherbrookois Misteur Valaire. Demain se succéderont en alternance sur les deux scènes Carlos Veiga, Scarecrow, Mario Saint-Amand ainsi que Marc Dupré et ses invités. Dimanche, la dernière soirée s'ouvre avec un spectacle Slam en blues qui sera suivi de la prestation de Cory Seznec, un Franco-Américain qui a remporté le concours Tremplin blues de Mantes-la-Jolie. Après le duo des Mountain Men, Brian Tyler viendra clorra le FestiBlues avec ses invités.

Notons aussi que plusieurs bars du quartier Ahuntsic présenteront des spectacles de blues au cours des quatre prochains jours.

Martin Goyette, lui, comme il le fait toujours, va amener sur la scène toute la puissance de ses 315 lb et il va arriver ce qui va arriver...

«Moi, je suis un gars heureux dans la vie: je chante du blues pour le plaisir, mon plaisir à moi et celui que je peux apporter aux gens qui viennent m'écouter...»