Après avoir fait entendre leur voix sur la scène politique pendant une bonne partie de l'année, les Premières Nations feront entendre leur voix artistique lors du 23e festival Présence autochtone, qui aura lieu à Montréal du 30 juillet au 5 août.

La programmation, dévoilée cette semaine, sera principalement axée sur la musique et le cinéma, deux points forts de la culture autochtone moderne.

L'événement s'ouvrira le 30 juillet avec le film Paroles amérikoises, un documentaire de Pierre Bastien portant sur la rencontre entre des écrivains québécois et amérindiens, et se terminera le 5 août avec la première mondiale de Winter in the Blood, film tiré du roman éponyme de James Welch, Amérindien Pied-Noir et pionnier de la littérature autochtone contemporaine.

Entre ces deux pôles, on retrouvera un certain nombre de films sur la réalité autochtone d'Amérique latine ainsi qu'un documentaire d'André Gladu (Tintamarre, Le reel du pendu) consacré aux héros métis Louis Riel et Gabriel Dumont. Soulignons que les films seront projetés à différents endroits, dont la Grande Biblitothèque, la Cinémathèque, le Centre Simon-Bolivar, le Musée McCord et même le Legion Hall de Kahnawake.

Richard Desjardins en performance

Côté musique, Richard Desjardins présentera son spectacle L'existoire ultime (3 août Club Soda), qui sera vraisemblablement son dernier tour de piste avant un bon bout de temps.

Desjardins sera de loin le plus gros nom du festival, mais pas forcément le plus intrigant, comme en témoigne le projet Électrochoc, qui sera présenté la veille, 2 août - sur la place des Festivals. Cette rencontre résolument improbable donnera la vedette à des chanteurs de reggae innus, des artistes martiniquais, un DJ québécois (DJ Poirier) et des compositions pour musique de chambre et chants de gorge inuit, créées spécialement pour l'occasion.

Moins expérimental, mais certainement plus frontal, le spectacle Fiddle No More (1er août, place des Festivals) s'annonce plus politique, avec la présence de Digging et CerAmony, deux groupes de rock ouvertement engagés.

Le reste de la programmation enfin, se divisera entre expos de photos, de gravures, ateliers divers, projections et visites guidées du Montréal autochtone. Comme chaque année, la place des Festivals accueillera un grand tipi, autour duquel se dérouleront la plupart des activités.

Un intérêt ravivé

Président de l'événement, André Dudemaine reconnaît que la situation politique des derniers mois pourrait avoir des retombées positives sur son festival. Le mouvement de revendications Idle No More, largement médiatisé, ravive l'intérêt du grand public pour les Premières Nations, et confirme sans aucun doute l'importance d'un événement comme celui-ci.

«Nous avons toujours été en phase avec les mouvements d'affirmation autochtones, affirme M. Dudemaine. Tant mieux si les événements nous donnent plus de visibilité.»

M. Dudemaine doute cependant que ce rayonnement soit suffisant pour aider le festival sur le plan financier. Malgré ses 23 ans d'existence, Présence autochtone reste le parent pauvre des gros festivals d'été montréalais, avec son budget d'un million, soit environ neuf fois moins que les FrancoFolies.

«Je suis inquiet, conclut M. Dudemaine. Artistiquement, nous n'avons plus à faire nos preuves. Mais notre échafaudage financier est fragile et il y a encore de la place pour de la croissance et de la consolidation. Quand nous sommes nés, personne ne voulait de nous. Nous ramons à contre-courant depuis nos débuts. Nous avons fini par être reconnus. Nous sommes le seul festival du genre au Québec. Après cette édition, il faudra passer à l'autre étape.»

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Présence autochtone, du 30 juillet au 5 août. www.presenceautochtone.ca