Jacques et Gilles Poulin-Denis sont des frères danse/théâtre. Chacun présente, dans sa discipline, un projet exploratoire à l'OFFTA qui commence aujourd'hui et qui se poursuit jusqu'au 8 juin. Conversation en territoire ami.

L'un danse, l'autre écrit. Sans qu'ils s'en soient parlé, les deux abordent les thèmes de la machine et de la fuite dans les spectacles qu'ils présentent séparément à l'OFFTA.

Que fuient les frères Jacques et Gilles Poulin-Denis? Ils ne se fuient pas l'un l'autre, en tout cas. Les thématiques similaires non plus. Même qu'ils ont profité de l'entrevue avec La Presse pour évoquer une future collaboration.

Pour l'heure, Jacques Poulin-Denis présente Running Piece, un projet avec danseurs et tapis roulant.

«Je développe ce projet depuis un an. J'ai fait le deuxième Possibles [projet de La Serre/Arts vivants aussi organisateur de l'OFFTA] avec une installation cette année dans le métro, et ça portait sur le déplacement. Tout comme ce que je présente au festival, mais en salle.»

Qui dit tapis roulant dit aussi machine et programmation.

«Ça porte sur la course folle de notre quotidien et notre rapport à notre environnement et le chemin qu'on parcourt.»

De son côté, Gilles Poulin-Denis travaille avec Philippe Cyr depuis quelques années sur un projet qui implique aussi une «machine».

«C'est un spectacle sans comédien, dit-il. On utilise une machinerie dans laquelle entre un spectateur participant. C'est lui ou elle qui fait le spectacle, finalement.»

«On a travaillé sur la notion de fuite, ce qui était présent dans mes autres textes. J'imagine que c'est un leitmotiv. Il y a un fantasme de la fuite. [Henri] Laborit a écrit là-dessus et ça nous a inspirés», dit celui qui vit en ce moment à Vancouver.

Son frère avoue s'identifier à cette fuite dans l'imaginaire.

«C'est intéressant. Notre tapis roulant est une machine à voyager sans se déplacer. Je cherche à stimuler l'imagination du spectateur avec une installation très statique», dit Jacques Poulin-Denis.

Les potentialités de la machine

Décidément, de la danse statique et du théâtre sans acteurs! Les deux frères originaires de la Saskatchewan ont de la suite dans les idées. Mais les frangins explorent plutôt le côté positif des machines, c'est-à-dire leur potentialité de rêve et d'imagination.

«C'est un truc sur l'humanité qu'on fait. C'est pour ça qu'on est allés vers les spectateurs et non des acteurs. On apprend un peu à connaître les gens à travers la machine», explique Gilles Poulin-Denis.

Des machines qui permettent de voyager sans bouger et de se dévoiler sans rien dire.

«On utilise deux espaces. L'un où se trouve la machine et l'autre où est le public, qui a droit à des images filmées de la machinerie. Ça rejoint les notions développées par Laborit. Dans le fond, il n'y a aucune fuite possible, sinon dans l'imaginaire», explique Gilles Poulin-Denis.

Pour s'exprimer, les frères Poulin-Denis ne tarissent pas d'éloges envers le festival OFFTA qui les accueille et qui reste un laboratoire d'art vivant.

«Je vais pouvoir tester toutes les pistes et les idées afin de trouver les petites étincelles intéressantes dans le spectacle. C'est une autre façon de préparer un spectacle en ayant un immense brainstorm avec le public», estime Jacques.

«L'OFFTA permet au spectacle d'aborder un public quand il est encore en processus de création. C'est rassurant d'avoir cette liberté. Ça nous permet d'avancer. C'est vraiment enrichissant», ajoute Gilles.

Personne ne fuit quand l'OFFTA appelle.

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Running Piece de Jacques Poulin-Denis est présenté ce soir (21 h) et demain (18 h) à l'Espace Dena Davida de l'édifice Wilder. Ce qu'on attend de moi de Gilles Poulin-Denis et de Philippe Cyr est présenté vendredi (20 h et 21 h 30) et samedi (18 h et 19 h 30) Aux Écuries.