Le Fringe est en ville. Et, comme tous les mois de juin, «le plus fou, le plus libre des festivals montréalais» (selon sa porte-parole, Mado Lamotte) prête ses scènes à des poètes baroudeurs, à des artistes routards et autres nomades de la scène aux passeports bien estampés. Nous vous présentons ici deux «bêtes de Fringe» qui sont de passage à Montréal ces jours-ci.

Jem Rolls, 52 ans

Spectacle

The Inventor of All Things, conte en solo sur l'incroyable histoire de Leo Szilard, Juif hongrois qui a fui le régime nazi et a été le tout premier à concevoir l'idée de la bombe atomique.

Lieu d'origine

Londres, en Angleterre, mais «sans adresse officielle depuis 2003».

Détail amusant

Jem Rolls est l'artiste qui a participé au plus grand nombre de festivals, avec 102 Fringe en carrière.

Itinéraire estival

Ce poète et conteur britannique participe cette année à son 14e Fringe montréalais. Mais depuis 2003, Jem Rolls se tape tout le circuit des Fringe canadiens, après avoir amorcé sa saison au Fringe d'Orlando, en Floride. «Après Montréal, je fais les Fringe d'Ottawa, de Winnipeg, d'Edmonton et, vers la fin, quand je suis épuisé et que j'ai fait un peu d'argent, j'échoue sur la côte Ouest, à Victoria. Si les moyens me le permettent, je me produis au Fringe de Vancouver.»

Où loge-t-il à Montréal?

«Je suis hébergé par un copain, Felix, avec qui j'ai déjà partagé un appart à Londres. Je suis sur le Plateau, qui est mon quartier préféré au monde, un endroit génial où l'on rencontre des philosophes et des designers à chaque coin de rue ou au Café Social. Chaque matin, si la météo est propice, je vais marcher sur le mont Royal, jusqu'au cimetière. Ensuite, je passe acheter du pain à la Gascogne puis je rentre à la maison pour répéter, dans le salon de l'appartement, qui, ordinairement, est rempli avec les jouets des enfants de Félix. Hier, en soirée, j'ai offert une performance intime pour neuf amis de ses amis, donc c'est un peu plus rangé qu'à l'habitude.»

Comment survivre au Fringe?

La frugalité est une vertu à entretenir, confie Jem Rolls. «Je vis sur une diète de café, de bière et de bouffe chinoise.» À ses hôtes, qui lui offrent gratuitement le gîte, il offre quand même une bouteille de Pims et des galettes hollandaises. Il achète ses billets d'avion longtemps à l'avance, utilise les ruelles et les stationnements du Plateau comme salles de répétition et a appris à vivre avec l'instabilité du Fringe, qui peut être un «lieu de bataille cruel». «Même si votre show est super bon, il est impossible de prévoir si le public va y être.»

Et la vie après le Fringe?

Les mois qui suivent le «marathon» de Fringe de Jem Rolls sont généralement consacrés à la recherche pour le show de l'année suivante. «J'ai passé l'hiver dernier à Budapest et à Bucarest, pour travailler à mon spectacle sur Leo Szilard. Ensuite, j'ai voyagé pendant quelques semaines en Amazonie, où j'ai écrit sur un bateau voguant sur une rivière dans la jungle et dormi dans un hamac. L'hiver prochain, j'irai peut-être à Bornéo, en Indonésie...»

Baron Vaudeville, 36 ans

Spectacle

Inspiré par Charlie Chaplin, les vieux artistes du vaudeville et les danseurs de claquettes comme Gregory Hynes, cet artiste japonais invite le public de tous âges à assister à son show Baron Vaudeville on the Rocks. «C'est un spectacle de variétés musicales, où je joue du ukulélé et fais la comédie.»

Lieu d'origine

Né dans la petite ville de Takayama, dans l'île de Honshu, il est désormais établi à Tokyo.

Comment devient-on artiste de vaudeville au Japon?

«J'ai commencé ma carrière comme musicien et puisque je voulais faire de la scène, je me suis joint à une compagnie de pantomime quand j'avais 23 ans, où j'ai appris toutes sortes de technique de danse.»

Itinéraire estival

Avec pour seul bagage une valise qui contient ses costumes de scène, son ukulélé et ses vêtements, il se produira à Ottawa après son passage au Fringe de Montréal. «J'irai peut-être aussi à Halifax», affirme celui qui apprécie l'ouverture d'esprit du public canadien. «Chez moi, au Japon, les gens apprécient davantage l'art traditionnel japonais, même si, graduellement, l'intérêt pour les arts, la musique et le théâtre se développent. En Europe et au Canada, il y a une meilleure compréhension des arts.»

Où loge-t-il à Montréal?

«Je suis chez un ami chef cuisinier japonais, qui vit à Montréal, dans Saint-Henri, depuis six ans. Il m'héberge gratuitement, ce qui est vraiment chouette.»

Comment survivre au Fringe?

«Pour économiser, je cuisine et je prends un verre à la maison. J'essaie aussi d'aller voir plusieurs spectacles, pour rencontrer des gens et rester motivé!»

Et après le Fringe?

«Je reprends la tournée au Japon. Dans les prochaines années, j'aimerais aussi quitter Tokyo et m'installer quelque part en campagne, pour créer en paix.»

Info: www.montrealfringe.ca

Photo IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Baron Vaudeville se balade de par le monde avec une valise contenant ses costumes de scène, son ukulélé et ses vêtements.