Pour fêter ses 10 ans, le Festival international de cirque Vaudreuil-Dorion s'est offert un immense chapiteau à quatre mâts, monté il y a deux semaines derrière l'église Saint-Michel, rue Jeannotte. La Presse a rencontré le metteur en scène Eugene Chaplin et sa fille Kiera, porte-parole de ce petit festival des arts de la rue qui aura lieu ce week-end.

Le jeune directeur du Festival international de cirque Vaudreuil-Dorion, Yannick Gosselin, a accueilli les représentants des médias mardi dans son nouveau chapiteau de 1500 places et qui portera le nom d'Eugene Chaplin, cinquième enfant de Charlot et Oona O'Neill. Pour la deuxième année, le metteur en scène suisse sera le maître d'oeuvre du Grand Cirque, unique compétition de cirque au Canada, qui aura lieu les 21 et 22 juin.

Une cinquantaine de spectacles seront également présentés jusqu'au 24 juin sur les deux scènes extérieures montées dans la rue Jeannotte - dont ceux de Jonas et Marjo.

Eugene Chaplin, que La Presse a rencontré en 2012 lors de sa première participation au festival de cirque de rue à titre de porte-parole, était accompagné de sa fille Kiera, ex-mannequin qui a pris le relais de son père pour promouvoir l'événement. Tous deux passeront le week-end de la Saint-Jean dans le centre-ville historique de la petite ville de l'Ouest-de-l'Île.

Le producteur et metteur en scène suisse - qui a travaillé pendant de nombreuses années pour le Cirque Nock - était fier de donner son nom au nouveau chapiteau du festival.

«Je suis très honoré, ça me fait énormément plaisir, a-t-il dit. Yannick et moi sommes devenus amis. Vous savez, cette association avec le festival de Vaudreuil s'est faite naturellement. Moi, je le fais pour l'amour du cirque d'abord.»

L'«effet» Eugene Chaplin

Acquis l'automne dernier grâce à la participation de la Ville de Vaudreuil-Dorion, le chapiteau à quatre mâts de 43 mètres de diamètre - dont le revêtement extérieur, inspiré des châteaux de la Loire, est peint à la main - a été construit au début des années 2000 pour accueillir le spectacle équestre Saka, créé par le cofondateur du Cirque du Soleil, Gilles Ste-Croix. C'est là que se tiendra la troisième compétition «Grand Cirque».

Les élèves de l'École de cirque de Vaudreuil-Dorion feront aussi un petit numéro sur la scène du chapiteau.

«Depuis qu'Eugene Chaplin a commencé à travailler avec nous, le festival de Vaudreuil-Dorion a vraiment pris son envol, a confié Yannick Gosselin. Ç'a été presque instantané. Le festival existait depuis sept ans déjà, mais avec sa présence, sa notoriété, son nom, on a pu attirer chez nous les plus grands artistes de cirque du monde pour participer à notre compétition.»

C'est le grand coup de Yannick Gosselin: organiser une compétition annuelle de cirque, comme il en existe dans certaines villes européennes, dont Monte-Carlo, Paris, Sylt (Allemagne), Figueres (Espagne), pour ne nommer que celles-là. Eugene Chaplin signera la mise en scène de cette compétition, où seront présentés 12 numéros. Depuis deux ans, la compétition avait lieu à l'aréna de Vaudreuil.

«J'ai rencontré Yannick en Suisse grâce à une connaissance commune. Il faisait des recherches sur le clown Grock, qui était un ami de mon père. Depuis notre rencontre, Yannick est allé voir les grands festivals européens, notamment à Monte-Carlo, détaille Eugene Chaplin. Il s'est beaucoup inspiré de ce qu'il a vu pour créer un festival dans l'esprit des grands cirques européens.»

Le directeur musical néerlandais Koos Mark dirigera les 18 musiciens de l'orchestre local, L'harmonie de la cité des jeunes, qui interprétera les trames sonores des films Modern Times et The Circus de Charlie Chaplin pendant la compétition. La pièce d'ouverture a été composée par Mark lui-même, proche collaborateur de la famille Chaplin depuis 20 ans. «Ce sera la chanson-thème du Grand Cirque.»

Les 100 ans de Charlot

Pour souligner le 100e anniversaire du personnage de Charlot - en 1914 avec son premier film, Kid Auto Races - , Eugene Chaplin a choisi des photographies de son père qui seront exposées pendant toute la durée du festival à l'intérieur du chapiteau. «Il y a une expo au Lincoln Center, à New York, entre autres, nous dit Kiera Chaplin. Ce qui est incroyable, c'est de voir qu'il est toujours aimé 100 ans plus tard.»

Plus tôt cette année, l'énième documentaire sur Charlot a été diffusé sur France 2, Un jour, un destin.

«C'était intéressant, mais on en rajoute toujours un peu, on dramatise, nous dit son fils Eugene. C'est un peu comme le jeu du téléphone arabe. On cherche toujours à analyser l'amour de mon père et de ma mère parce que ma mère avait 18 ans et mon père, 54 lorsqu'ils se sont mariés. On a dit que ma mère avait retrouvé le père qu'elle n'a pu vraiment connaître... Moi, je dis: «Et l'amour dans tout ça?» Ils s'aimaient, voilà tout.

«À l'entrée de la maison, on avait une collection de soldats napoléoniens en porcelaine, poursuit Eugene Chaplin. Un type qui a écrit un bouquin sur mon père est venu me voir. Il m'a demandé pourquoi mon père avait cette collection. Il m'a dit: «Est-ce que c'est parce que ça lui rappelait le film Charlot Soldat? " Je lui ai répondu: «Non, c'est parce qu'il trouvait ça marrant, il trouvait ça beau!»»

«C'est ça, le plus difficile: Charlot appartient au monde, et ce n'est pas toujours facile à accepter.»