La Beauce ne forme pas que des entrepreneurs. Mickaël Bouffard, danseur, historien de l'art et chorégraphe, qui travaille aujourd'hui à Paris comme chercheur, est sans doute un autre bel exemple de la créativité beauceronne. Il cosigne cette semaine la chorégraphie des Indes mécaniques, opéra-ballet inspiré des Indes galantes de Jean-Philippe Rameau, dans le cadre du 12e Festival Montréal baroque, qui commence ce soir.

«Je suis danseur et historien de l'art, ce sont mes deux carrières parallèles», dit Mickaël Bouffard.

Mais ces deux carrières convergent vers une même passion: celle de la danse de la période baroque. Titulaire d'un doctorat en histoire de l'art de l'Université de Montréal, il est aujourd'hui chercheur invité au Centre André Chastel, partenaire du musée du Louvre.

«Nous faisons un inventaire et un catalogue raisonné de plus de 1600 dessins et maquettes de costumes pour les opéras et les ballets de l'époque de Louis XIV, qui appartenaient à la collection de la famille Rothschild.»

L'opéra-ballet

Peu de gens le crient sur les toits, mais 2014 marque le 250e anniversaire de la mort de Jean-Philippe Rameau. C'est pour souligner cet anniversaire que Montréal baroque présente Les Indes mécaniques, avec quatre danseurs en costumes d'époque dans une transcription pour deux clavecins de la musique de Rameau. «Nous ne pouvions pas faire les quatre histoires présentes dans Les Indes galantes, qui dure près de trois heures. On a plutôt créé un concept à partir de deux idées: les cadeaux que le Grand Turc recevait d'Europe à son palais de Topkapi, et la fascination de l'époque pour les automates et les horloges.»

Mais c'est une joueuse de tympanon automate offerte à nulle autre que Marie-Antoinette qui leur a donné l'idée du concept original.

«Dans notre mise en scène, la fille du Grand Turc découvre une machine mystérieuse dans une chambre reculée du palais. C'est un cadeau reçu par son père. Elle active la machine, et à partir de là, les deux clavecinistes et trois des quatre danseurs du spectacle représentent des automates qui dansent sur les airs de Rameau. Nous avons gardé 26 numéros de danse et quatre airs de soprano de l'opéra-ballet original.»

Dans le bain du baroque

À 31 ans, Mickaël Bouffard fait de la danse baroque depuis déjà 12 ans. Il a commencé assez tôt à faire des chorégraphies.

«J'ai vu un spectacle de danse baroque à Québec, et j'ai vraiment adoré cela. J'ai contacté Marie-Nathalie Lacoursière, qui signe avec moi la mise en scène et les chorégraphies du spectacle, pour suivre des cours. Mais je ne serais pas devenu danseur, n'eût été mon amour déjà vif pour la musique baroque. À 16 ans, j'étais mordu de Bach, Haendel et Vivaldi.»

Musique, danse, histoire de l'art, tout se rejoint. «Ce que nous faisons est une danse de reconstitution de la danse française de l'école de Louis XIV, qui a perduré pendant tout le XVIIIe siècle et qui est l'ancêtre du ballet classique. Je me suis intéressé à la notation chorégraphique ancienne, un système qui permet de noter les chorégraphies de 1700. C'est comme ça que j'ai voulu faire des chorégraphies, moi aussi.»

Après cette création mont-réalaise, Les Indes mécaniques sera présenté sept fois en France, puisqu'il s'agit d'une coproduction entre Les Jardins chorégraphiques, compagnie québécoise, et la Compagnie Beaux-Champs, de France.

Les Indes mécaniques, 20 juin, 19h, salle Redpath du campus McGill. Festival Montréal baroque, du 19 au 22 juin.