Un jour, Barclay Crenshaw est devenu Claude VonStroke. «C'était il y a 10 ans. Tard dans la nuit, nous étions une bande de potes pas mal givrés, nous nous moquions des DJ allemands de type glitch minimal. Le nom Claude VonStroke était alors sorti du chapeau. Plus tard, j'ai produit une chanson en adoptant ce pseudo. Le nom m'est resté», résume notre interviewé, joint il y a quelques jours à Los Angeles où il réside avec sa famille.

Propriétaire du très prisé label électro Dirtybird, Claude VonStroke fera équipe avec son collègue Justin Martin, demain à l'Igloofest. Clou de la soirée, assure-t-on côté direction artistique.

«Justin et moi ne montons pratiquement jamais ensemble sur scène. La dernière fois, c'était à Detroit, il y a cinq ans. Il y aura de la matière tirée de mon album Urban Animal, mais aussi des pistes nouvelles. Idem pour Justin. Nous comptons bien nous amuser!»

Y a-t-il lieu de circonscrire un son Dirtybird? Une facture? Le patron du label opine du bonnet.

«Au sein de Dirtybird, l'attitude de chacun doit inspirer le plaisir avant tout. Personne n'a l'intention de bouder dans son coin. Les artistes de notre label (J Phlip, Nick Olivetti, Kill Frenzy, ZDS, etc.) sont amateurs de hip-hop, de drum'n'bass ou de funk. De près ou de loin, notre house music comporte toujours un de ces trois genres musicaux.»

On en déduit que Dirtybird contribue à l'avancement de ladite house music, qui ne cesse de proliférer à travers plusieurs sous-tendances.

«Nous sommes quelque part entre la house grand public et ses formes les plus souterraines. Nous nous trouvons dans une étrange position, car nous essayons d'éviter d'être trop cheesy ou trop sérieux. Nous aimons tout autant la substance que la légèreté.»

Originaire de Detroit, ville fondatrice de la techno, Claude VonStroke assume son allégeance house (originaire de Chicago)... et reste ouvert.

«J'ai aussi fait de la techno et il s'en trouve encore dans ma musique. Mes sets incluent plusieurs genres, il faut dire. D'ailleurs, je suis souvent tenté de retourner vivre à Detroit où vivent encore mes parents et qui, à cause de sa faillite récente, est devenu un territoire vierge. Mais pour ma compagne et nos deux enfants, il serait très dur de laisser le soleil de Californie.»

Urban Animal, troisième album de Claude VonStroke, a été lancé à la fin de 2013. L'artiste remixe actuellement plusieurs enregistrements, dont une compilation de Fatboy Slim pour la prochaine Coupe du monde de soccer (Rio de Janeiro).

Barclay Crenshaw est ce qu'on appelle en anglais un late bloomer dans le monde technoïde. Il corrobore: «Après avoir fait plusieurs boulots plutôt ennuyeux, j'ai commencé sur le tard à exercer ce métier que j'adore, soit au début de la trentaine. Aujourd'hui, je voyage beaucoup... J'aimerais être plus souvent avec ma famille, mais je ne me plains pas de mon sort, car je suis un privilégié. Mon âge? 42 ans. Oups... ma femme me suggère à l'instant de vous dire que j'en ai 35!»

Méchant moineau, ce Claude VonStroke...

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Claude VonStroke et Justin Martin, demain à 22 h, scène Sapporo. Pour infos : Igloofest.ca