Né Orlando Tobias Edward Higginbottom il y a 27 ans - tout bientôt 28 -, Totally Enormous Extinct Dinosaurs (TEED) est un artiste confirmé de la planète électro... À tout le moins prometteur pour la suite des choses. Qui plus est, il est le fils de l'éminentissime professeur Edward Higginbottom, chef du choeur du New College, associé à l'Université d'Oxford au Royaume-Uni.

Famille musicale à n'en point douter, mais... du chant choral à la musique électronique, y risque-t-on les conflits de valeurs et de générations?

Bien au contraire, rétorque TEED: «Mon père m'a beaucoup encouragé; il est heureux que je me fraie un chemin à ma manière, que je paie mes factures avec ma propre musique.»

Notre interviewé dit s'être produit une paire de fois à Montréal. «Lorsque j'y suis venu, en 2012 [à la Sala Rossa], j'ai donné un concert avec chant, danse et instruments électroniques joués en temps réel.»

La matière au programme était surtout celle de l'album Trouble, paru en juin 2012 sous étiquette Polydor. Ce soir à l'Igloofest, il montera seul sur scène.

«J'aime bien présenter un concert, j'aime aussi faire DJ. Voyager avec une équipe entière, c'est différent et c'est beaucoup de travail. Après plus de deux ans de tournée en groupe, voyager seul peut me sembler rafraîchissant.»

Musicien sans frontières

TEED réside à Londres depuis peu mais n'y passe pas l'hiver 2014. Joint dans un studio californien, il bosse à la confection de son nouvel album et de son prochain spectacle. Ces nombreuses semaines passées à Los Angeles lui permettent «d'éviter le Londres humide et froid».

Et puisqu'on le joint entre deux séances d'enregistrement, parlons réalisation et composition. L'interviewé se refuse à choisir l'une de ces pratiques: «Je ne vois pas de différence fondamentale entre l'écriture d'une partition et la création de musiques au moyen d'outils électroniques. Au bout du compte, c'est de la musique. Oui, je m'identifie davantage à la culture électronique, bien que j'aime beaucoup la musique classique et la musique contemporaine écrite. J'essaie autant que possible de ne pas ériger de barrières entre ces disciplines apparemment distinctes. Je ne veux pas me limiter à quoi que ce soit.

«L'idée que je me fais d'un bon musicien est celle d'une personne qui use de tout ce dont elle a besoin pour créer, renchérit-il. Ce qui compte, c'est le triomphe de la créativité. Lorsque j'aurai 70 ans, je souhaite être resté toute ma vie en phase avec cette vision ouverte. Vous pouvez alors qualifier mon travail de dance music ou de pop, ça m'est égal. Aujourd'hui, la musique électronique représente le territoire qui me sied le mieux. Demain?»

Vu ses antécédents familiaux, TEED absorbe toutes les musiques qui lui passent par les oreilles: «Au début de l'adolescence, j'étais à la fois obsédé par Jean-Sébastien Bach et la jungle music (Goldie, etc.), pour ne citer que ces deux exemples extrêmes, raconte-t-il. Alors? Ma musique comporte plusieurs styles que je m'efforce de mélanger. Tous les niveaux d'intervention y sont envisageables: je peux faire le party, transmettre des émotions plus profondes ou suggérer des musiques plus conceptuelles.

«Ainsi, pour me sortir des contraintes de la piste de danse, je peux composer des musiques sans tambours ni rythmes binaires. Je m'intéresse aussi à la composition instrumentale; ça fait partie de mes objectifs de création. En ce sens, je souhaite composer pour des orchestres de chambre. Je ne vois pas de frontière entre le monde électronique et le monde instrumental, pas plus qu'entre les musiques simples et les musiques complexes. La beauté, la fraîcheur et l'éclat peuvent surgir de partout.»

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Dans le cadre de l'Igloofest, TEED se produit ce soir, 20h45, scène Sapporo.