Pour son président André Dudemaine, Présence autochtone, qui en est à sa 23e année, est un événement essentiel qui témoigne de l'effervescence artistique des Premières Nations, en plus d'être un point de jonction entre les cultures.

Quand le festival Présence autochtone a été fondé, il y a 23 ans, peu de gens croyaient à la pérennité de l'événement, se souvient André Dudemaine. On se demandait s'il y allait avoir matière à un festival annuel!

«On voyait qu'avec la jeunesse des populations autochtones et les transformations sociales, le développement artistique et culturel allait devenir quelque chose d'important dans les sociétés des Premières Nations. Il y avait en effet une nécessité d'exprimer dans le monde contemporain une identité profonde qui ne pouvait plus se reconnaître dans des paramètres plus anciens. Cela s'est avéré un pari tout à fait fructueux. Année après année, on a eu de plus en plus de films et de vidéos, de plus en plus d'artistes et de créations, avec une qualité qui augmente au fur et à mesure que les artistes se forment et prennent de l'expérience.»

Des premières, un privilège

L'un des symptômes de cet épanouissement est la multiplication des films de fiction, selon le président du festival. En cela, le film Atanarjuat: The Fast Runner de Zacharias Kunuk, qui a remporté de nombreux prix dans le monde en 2001 - dont la Caméra d'or à Cannes -, a ouvert la voie.

«Les longs métrages de fiction sont la forme la plus prestigieuse de l'expression cinématographique, et le fait qu'on nous en confie pour des premières est une marque de reconnaissance pour notre événement», estime André Dudemaine.

Ainsi, le festival présentera en primeur, pour la soirée de clôture, le film américain Winter in the Blood, adaptation du célèbre roman de James Welch paru en 1974, en présence du comédien Chaske Spencer qui y tient le rôle principal.

«C'est une oeuvre phare qui a trouvé son chemin à l'écran et nous sommes les premiers à la présenter», dit non sans fierté le président. Le volet documentaire est toujours très solide, avec en film d'ouverture le documentaire Paroles amérikoises de Pierre Bastien, qui rassemble les paroles des écrivains autochtones et québécois.

«De plus en plus de couloirs d'amitié et de coopération s'établissent sur le plan culturel. Peu à peu, ils vont assurer aux artistes des Premières Nations un rôle plus important dans le développement culturel, et c'est une part du patrimoine québécois», note André Dudemaine.

Une présence nécessaire

Le festival Présence autochtone a connu deux mutations importantes: son association avec le musée Pointe-à-Callière en 2001 pour le tricentenaire de la Grande Paix de Montréal et son déploiement à la place des Festivals en 2010, ce qui, selon André Dudemaine, a donné un nouveau tonus à l'événement, avec une nouvelle proposition scénographique qu'on compte bien exploiter. Particulièrement cette année où seront présentées pour la première fois des déambulations urbaines de marionnettes géantes qui vont recréer la Genèse selon les mythologies amérindiennes, le 3 août.

Richard Desjardins, collaborateur de la première heure du festival, offrira son dernier spectacle de L'existoire au Club Soda avant de prendre un long congé. Enfin, on ne manquera pas de souligner le mouvement Idle No More, qui a fait beaucoup de bruit dans la dernière année, dans un spectacle intitulé Fiddle No More, le premier grand concert sur la place des Festivals, qui sera résolument rock et engagé, avec CerAmony et Digging Roots. La gastronomie à l'amérindienne sera également de nouveau à l'honneur.

Présence autochtone, qui n'a pas les budgets des FrancoFolies ou du Festival de jazz, aura besoin de plus de soutien financier dans l'avenir, souligne André Dudemaine. «On se rend compte qu'on ne peut soutenir le rythme de croissance du festival, à moins d'une augmentation du financement. Les bailleurs de fonds doivent reconnaître le festival et lui donner les moyens de poursuivre sur sa lancée.»

Présence autochtone se déroule du 30 juillet au 5 août. Pour en savoir plus sur la programmation: presenceautochtone.ca



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Winter in the Blood d'Alex et Andrew Smith

Adaptation du célèbre roman de l'écrivain blackfoot James Welch paru en 1974, Winter in the Blood propose la dérive éthylique d'un homme hanté par les fantômes de son père et de son frère. On croirait suivre un Bukowski amérindien dans ce film mettant en vedette Chaske Spencer, qu'on a pu voir en loup-garou dans la populaire série Twilight. Le comédien sera d'ailleurs à Montréal pour la présentation du film.

Le 2 août à Kahnawake et le 4 août à 13h et 19h à la Cinémathèque québécoise

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Gold Fever de JT Haines, Tommy Haines et Andrew Sherburne

Depuis quelques années, l'or est furieusement prisé dans le monde. Ce documentaire montre le combat des Mayas pour protéger leur communauté contre l'appétit vorace des sociétés minières à San Miguel Ixtahuacán, au Guatemala, où l'on détruit les montagnes sans égard pour la nature ni pour les populations.

Le 31 juillet à 20h30 à la Cinémathèque québécoise

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Xingu de Cao Hamburger

Ce film brésilien à grand déploiement raconte l'aventure des trois frères Villa-Boas, qui ont créé en 1958 le parc national du Haut-Xingu, afin de protéger les populations indigènes impitoyablement traitées par les spéculateurs fonciers. Xingu est devenue la plus importante réserve indigène du Brésil. Sa difficile création a contribué à sauver des vies, des cultures, des langues et un environnement.

Le 1er août à 20h30 à la Cinémathèque québécoise

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Paroles amérikoises de Pierre Bastien

Dans ce documentaire, le réalisateur Pierre Bastien orchestre des rencontres entre des écrivains autochtones et amérindiens afin de discuter des enjeux territoriaux, culturels et sociaux de la cohabitation sur le territoire. Le but: créer une parole commune... "amérikoise". Un très beau projet, filmé à Ékuanitshit, en Minganie. Avec notamment Joséphine Bacon, Louis Hamelin, Yves Sioui-Duran, Jean Désy et Rita Mestokosho.

Le 30 juillet à 18h à la Grande Bibliothèque