Le Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue conjugue rayonnement régional et stature internationale.

Tout ça a commencé quand Jean-Claude Coutu, juge à la retraite, a voulu donner un coup de main à un guitariste de Rouyn-Noranda. Tout naturellement, le juge s'est adressé au spécialiste local, Alain Vézina, l'ancien disquaire de chez Mignault.

En trois semaines, avec Rémi Boucher en tête d'affiche, Vézina a monté une programmation en collaboration avec les salles et cabarets du centre-ville: le Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue (FGMAT) venait de naître. À guichet fermé. Concept d'origine: guitare, acoustique, abordable pour la bourse et l'oreille.

«L'année suivante, nous sommes passés de 2000 à 17 000 spectateurs et nous approchons maintenant les 30 000», lance Alain Vézina. Le directeur artistique de GMAT était à Montréal la semaine dernière (à ses frais) pour faire la promo de ce 8e Festival des guitares du monde qui commence ce soir avec Grand Funk Railroad, «The American Band», au Centre des Congrès. À guichet fermé, sur la scène Agnico-Eagle, du nom de la compagnie minière qui est l'un des deux présentateurs du Festival; l'autre est Le Sorcier, un club de golf de... l'Outaouais.

Variété

Dans ses multiples déclinaisons, la guitare offre un vaste champ de styles et de sonorités, un corpus qui, à Rouyn-Noranda, va des virtuosités du «fondateur» Rémi Boucher aux fulgurances rock de Larry Mitchell, du jazz organique de Sylvain Luc (avec Alain Caron) au blues envoûtant de Kelly Joe Phelps, du flamenco de Caroline Planté au country de Patrick Norman.

On en entend moins parler que celui de Montréal, mais Rouyn-Noranda (42 000 habitants) a aussi son quartier des spectacles, trois quadrilatères du centre-ville que le FGMAT et d'autres événements ont contribué à revitaliser. «Toutes les salles sont à trois minutes de marche l'une de l'autre», souligne Alain Vézina, qui compte parmi les centaines de bénévoles du FGMAT dont le budget de 710 000$ est ventilé comme suit: 42% provient de la billetterie, 41% des commandites privées et 17% des subventions gouvernementales.

Mais Rouyn-Noranda, ce n'est pas l'Abitibi-Témiscamingue... Vrai, et le FGMAT porte bien son nom en offrant des spectacles, payants ou gratuits, à Malartic, à LaSarre, à Ville-Marie-sur-le-Lac, à Amos et à La Motte. En avril, le festival a aussi présenté la tournée du trio Gombo, Garnotte&Crème Soda, dans neuf villes et villages aux noms aussi exotiques (pour les métro-centristes montréalais) que Rémigny, Rapide-Danseur et Macamic.

La demande des villes-hôtesses potentielles et le coût de transport sont autant de contraintes géoéconomiques avec lesquelles le FGMAT doit composer. Lundi, Lee Ritenour et Dave Grusin feront le trajet Londres-Montréal-Rouyn pour leur concert de mardi. Un autre doit arriver le matin et repartir le soir même après le dernier vol d'Air Canada (100$ à 800$ de Montréal, selon les jours): certains commanditaires du FGMAT ont des hélicoptères... et le président d'honneur est Philippe Sureau, le fondateur de Transat.

La musique reste toutefois au coeur des Guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue. Tenez, mercredi, petit soir de semaine: l'Argento-gaspésien Juan Sebastian LaRobina est au Petit-Théâtre, Marc Ribot joue à l'Agora des arts, une église convertie en salle de spectacles, et Béla Fleck est au Centre des congrès avec le Marcus Roberts Trio. Pas pire pour une petite place de guitares...

Samedi en clôture, les Doobie Brothers se produisent à l'aréna Iamgold du Centre Dave-Keon, récemment rebaptisé au nom de l'un des gros commanditaires du FGMAT, Iamgold, qui extrait annuellement de par le monde un million d'onces d'or. «La demande pour ce spectacle hors-normes et hors-site nous est venue des Huskies, notre équipe de hockey junior», explique Alain Vézina qui revient toujours à la question de base du Plan Nord: est-ce qu'il y a de la guitare?

Listen to the music...

Le Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue, du 26 mai au 2 juin. Voir fgmat.com pour le programme complet.