Changement de nom, changement de dates: après 10 ans d'existence, le festival Voix d'Amériques se transforme et devient Phenomena, un festival multidisciplinaire présenté à l'automne plutôt qu'au printemps.
Mais pourquoi, demande-t-on à D. Kimm, directrice artistique de l'événement produit par Les filles électriques. «Parce que le festival a évolué avec le temps, qu'il s'est élargi par rapport au spoken word et qu'il y avait tout un réseau d'artistes avec lesquels nous avions envie de travailler.»
Ce changement reflète l'évolution du festival et du public au cours des dernières années, croit-elle. «On révèle enfin notre vraie nature... Je ne renie pas ce qu'on a fait depuis 10 ans. C'est vrai que Voix d'Amériques, c'était porteur, mais c'était aussi trompeur. La parole des poètes va rester, mais nous ne voulons plus être coincés par ça.»
Phenomena sera toujours ludique, poétique et basé sur la performance, mais D. Kimm estime que le festival se distinguera par son parti pris pour les spectacles interdisciplinaires. «C'est un secteur en soi, lance-t-elle. Les disciplines se mêlent et s'interpellent, par exemple les projections vidéo ne servent pas seulement à illustrer un propos, elles font partie du processus créatif dès le début.»
Nouvelle niche à l'automne
Le changement de vocation permettra plus de collaborations extérieures. Par exemple, en déménageant à l'automne - le festival aura lieu du 19 au 26 octobre-, Phenomena chevauchera la dernière fin de semaine du Festival du nouveau cinéma, ce qui leur permettra de présenter un événement commun. «Nous avons beaucoup d'affinités, ils étaient très contents qu'on soit là en même temps qu'eux», affirme D. Kimm.
Changer les dates d'un festival n'est pas chose facile, d'autant plus que «le calendrier est couvert toute l'année, sauf à Noël», note la directrice artistique, qui «n'est pas impérialiste» et qui a bien fait attention pour «respecter la dynamique de la communauté». «Les premières années, Voix d'Amériques avait lieu en février, mais avec l'arrivée de Montréal en lumière, il n'y avait plus de place pour nous. En mars, nous étions en même temps que plein d'autres petits festivals. À l'automne, il y a beaucoup de gros événements, moins de petits et j'ai trouvé cette semaine-là en octobre, qui était parfaite.»
Pour D. Kimm, Phenomena ne vient pas concurrencer d'autres événements déjà existants, que ce soit Mutek, le Festival de la poésie de Montréal ou POP Montréal. «Il y avait clairement de l'espace pour nous», croit celle qui se dit très fière de leur nouveau nom. «Je m'intéresse beaucoup aux phénomènes paranormaux. Mais aussi, un phénomène, c'est quelque chose de différent, qui sort de l'ordinaire. C'est tout à fait nous.»