Duels de guitares, hip-hop incantatoire, pop inuit, films d'auteur, poésie moderne, art contemporain: pour sa 21e présentation, qui se tiendra du 2 au 9 août, Présence Autochtone confirme que l'art amérindien ne se résume pas aux capteurs de rêves et aux sculptures sur pierre à savon.

«De plus en plus de jeunes artistes osent des choses qu'on ne voyait pas avant. Ils ne veulent pas renier leurs racines, mais ont soif de modernité. Cela se traduit par une grande créativité», confirme le directeur de l'événement André Dudemaine, qui présentait officiellement sa programmation, hier.

Après une 20e année chaotique, marquée par un changement de date et de lieu, le festival s'installe pour de bon place des Festivals, où seront installés une scène, un tipi géant et un espace «feu de joie». C'est là qu'on pourra voir gratuitement la chanteuse inuit Elisapie Isaac, pour son concert Nord-Sud (5 août) ainsi que le rappeur anishinabe Samian avec le show Rap incantations (4 août), deux figures de proue de cette nouvelle génération qui ne souscrit pas aux clichés.

Pas moins actuel, le reste de la programmation se répartira dans diverses salles du centre-ville. À commencer par le concert du groupe à cordes Forestare, le 1er juin à l'Auditorium de la Bibliothèque nationale. Connu pour son travail avec Richard Desjardins, l'ensemble interprétera Arauco por Fuerte, principal y poderosa, du compositeur chilien contemporain Oscra Farias, oeuvre en huit mouvements pour guitares et contrebasses où il sera question de conquistadors espagnols et de résistants mapuches.

Au grand écran

Côté cinéma, la plupart des films seront présentés à l'ONF et au centre Simon-Bolivar. De ce côté, le documentaire La Nouvelle Kahnawake ne devrait pas manquer d'attirer la curiosité, avec sa réflexion originale sur l'évolution de la communauté mohawk à l'ère de l'internet. Encore plus original: le film a été réalisé par des Français, ce qui devrait nous donner un autre point de vue sur le sujet.

Parmi d'autres films à retenir, soulignons Lenin in Maracaïbo (l'histoire d'amour entre une indigène wayuu et un militant chaviste), Smokin Fish (un Tlingit d'Alaska veut reconstruire le vieux fumoir familial, mais le sort s'acharne contre lui), Inuit Knowledge and Climate Change, documentaire de Zacharias Kunuk (Atarnarjuat) et The Uluit, Champions of the North, sur une équipe de hockey féminine inuit transgénérationnelle (!!) et la soirée hommage au cinéaste gore Jeff Barnaby.

Arts visuels enfin, deux projets fort intrigants, présentés conjointement à la Guilde canadienne des métiers d'arts: il s'agit de photomontages réalisés par le Mohawk Martin Loft et le N'laka'pamux Chris Bose. Rien de folklorique, si on se fie à ce qu'on a vu hier en conférence de presse. Idem pour les diverses activités littéraires qui seront présentées à la BNQ.

«Après des périodes d'incubation et de maturation, Présence Autochtone entre dans sa phase d'épanouissement, affirme le président fondateur André Dudemaine, en évoquant son nouveau partenariat avec le Quartier des spectacles et le Collectif des festivals. C'est le moment où on prend toute notre place. La pertinence et la présence de ces cultures pionnières ne peuvent plus être ignorées et il est temps de le dire fort.»

Le déplacement de juin à août n'est peut-être pas une si mauvaise affaire, ajoute M. Dudemaine, puisque cela permettra de rencontrer une autre clientèle touristique, plus européenne. Partenaires et commanditaires ont d'ailleurs validé ce changement, avec une aide financière accrue. Le budget du festival est ainsi passé de 700 à 900 000$.

Informations: www.nativelynx.qc.ca/