Le 2 avril dernier, Haelos a rempli le club O Patro Vys. On avait eu vent de cette pop, mélange subtil de musiques électroniques, de jeu organique en temps réel, de mélodies émises par trois voix intenses et incarnées: Lotti Benardout, Arthur Delaney, Dom Goldsmith sont au centre de l'album Full Circle (étiquette Matador), métaphore concomitante avec le nom de la formation britannique.

Comme dans la vraie vie, on a ressenti une tension contagieuse entre ferveur pour les libations nocturnes, l'expression spleen léger, et aussi l'occasion d'un lâcher-prise introspectif. Et ce fut très bien. D'où l'intérêt porté sur ce groupe invité à Osheaga, question d'élargir le cercle des fans de la première ligne.

«Notre musique est un amalgame de tout ce que nous écoutons. Le mélange des genres est toujours un processus inconscient, mais nous aimons consciemment le trip hop des années 90, la techno minimale, la techno industrielle, la house, le hip hop, pour ne nommer que ces styles qui me viennent spontanément à l'esprit», explique le Londonien Dom Goldsmith, principal réalisateur de Haelos.

«Ce qui amène aujourd'hui la fraîcheur de la pop créative est forcément une combinaison de genres» insiste-t-il lorsque joint en Angleterre il y a quelques jours. 

La spécificité de Haelos, en fait, repose sur l'imbrication de la forme chanson à un contexte musical qui peut s'apparenter à l'esthétique électro.

 «Nous commençons par construire une vraie chanson avant de l'habiller. Tout est construit autour de vraies chansons, avec de vraies paroles. C'est è la fois un processus d'écriture chansonnière et de réalisation.»

Ainsi, Haelos produit cette sensation simultanée d'écouter une chanson et une pièce électronique à l'horizontale. Dom Goldsmith en est parfaitement conscient:

«Nous aimons les musiques répétitives et progressives, ces longs grooves à l'intérieur desquels on finit par observer du mouvement, es variations. La chanson se trouve au milieu du diagramme de Venn, dans les autres cercles se trouvent les éléments musicaux (textures, rythmes, effets vocaux etc.)  auxquels contribuent tous les éléments du groupe. J'essaie toujours de travailler de cette façon car j'estime que la  superposition est un fondement créatif de notre époque.»

De prime abord, cette musique de Haelos pourrait être exécutée sur scène par des artistes électroniques, on constate ensuite qu'elle se bonifie avec les claviers, cordes et percussions jouées en temps réel.

«La passion de jouer nous anime, soutient Dom Goldsmith.  Nous adorons rechercher les meilleurs  instruments qui puissent servir notre musique, les meilleurs synthétiseurs analogiques, les meilleures programmations de rythmes qui puissent cohabiter avec la percussion live. Nous faisons de la musique électronique mais nous voulons aussi une approche instrumentale cohésive et communicative.»

Comme tous les jeunes groupes pop ayant des idées assez fortes pour se distinguer, Haelos a dû  apprendre à jouer comme il se doit en spectacle :

«Nous avons fait pas mal de tournée depuis nos débuts, raconte Dom Goldsmith. Je crois que nous sommes vraiment devenus ce groupe que nous avons imaginé. Cela devrait avoir un impact sur les méthodes de réalisation du prochain album. Au départ, j'étais du genre à bidouiller dans ma chambre à coucher. Avec ce groupe aguerri sur scène, nos chansons se sont humanisées et nous pouvons prendre de nouvelles directions.»

Le collectif des voix mis en relief fait se démarquer Haelos, cet élément organique était déjà là avant que l'instrumentation soit étoffée.

«Je me considère comme choriste du projet, précise Dom Goldsmith, Lotti (Bernardout) est la voix principale et Arthur (Delaney) contribue à hanter la trame mélodique principale. Sur scène, ce processus devient plus important, et je tends à favoriser cet amalgame. Ensemble, nous pensons à la fois mélodie, textures et fréquences sonores.»

Si le coeur de Haelos est constitué de trois membres, d'autres collaborent et contribuent à son expansion scénique - guitares, percussions, six sur scène en tout.

«Cela engendre une dynamique qui nous pousse à apprendre et se surpasser. Nous avons une progression naturelle et rapide depuis la fin 2014. Une année plus tard, notre premier album était terminé,  je crois que nous allons encore beaucoup évoluer et nous raffiner au prochain cycle d'enregistrement. Nous voulons mener ça ailleurs, nous verrons bien ou ça va nous mener.»

L'indépendance de la réalisation est aussi un gage de succès pour Haelos, pense le principal intéressé :

«Je ne tiens pas à expliquer à d'autres producteurs ce que nous préconisons, j'aime mieux rester au centre de la réalisation. J'estime que nous sommes les mieux placés à vouloir faire sonner tout ça comme nous l'avons d'abord imaginé.»

Imaginé en toute circularité... Inutile d'ajouter que le choix du terme Haelos est un parti-pris pour ce concept.

«Le cercle est une idée simple mais qui peut aussi évoquer tant de choses fondamentales. L'infini, par exemple. Quant au halo, c'est une image exploitée autant dans le monde religieux que dans le monde scientifique. Nous ne sommes pas particulièrement mystiques remarquez...»

- Mais vous aimez les cercles!

- Ça oui.

Scène des Arbres, dimanche, 19 h 15