Quand on s'appelle The Men, il y a de fortes chances qu'on donne dans le rock chargé de testostérone. C'est ce que fait depuis un peu plus de cinq ans ce groupe de Brooklyn qui nous gratifie d'un nouvel album bon an mal an.

Du rock débridé, limite hardcore, des débuts, The Men sont passés progressivement à du rock plus classique. Sur leur plus récent album, Tomorrow's Hits, il y a même une chanson qui fait penser au E Street Band de Springsteen, saxophone compris.

L'occasion était belle, vendredi soir, de voir comment ils parviennent à concilier les deux tendances.

Disons que le mariage n'est pas tout à fait concluant. Les quatre New-Yorkais peuvent vous jouer une chanson mélodieuse, quasi pop, qui ne déparerait pas le répertoire de R.E.M. ou de Tom Petty, puis, l'instant d'après, se lancer tête la première dans la punkisante Freaky. Rien contre la polyvalence, mais on dirait qu'on a tout à coup affaire à un groupe débarqué d'une autre planète.

Le guitariste Nick Chiericozzi, un monsieur plutôt doué, a la voix nasillarde d'un jeune Dylan quand il chante la récente Dark Waltz. Mark Perro, l'autre guitariste-chanteur, qui tâte également des claviers, est plutôt du genre à s'égosiller sur des musiques qui, de toute façon, enterrent ce qui lui reste de voix.

Il y avait bien devant la scène des Arbres quelques spectateurs sautillant parmi la foule éparse qui a été témoin de la prestation des gars de Brooklyn. Mais, dans l'ensemble, The Men a eu droit à quelques applaudissements polis, tout au plus. Joli contraste avec le public de Chromeo, dont l'enthousiasme s'entendait nettement juste à côté, quand The Men s'est lancé dans ses 45 minutes de musique.

The Men n'avaient probablement pas beaucoup de fans potentiels chez le jeune public d'Osheaga, dont les goûts sont autres. Mais les curieux qui étaient tout de même au rendez-vous n'ont pas été convertis à la cause de ce groupe dont l'énergie et l'authenticité ne font pourtant pas de doute.