Anaïs Favron animera le Super Quiz Show, le 24 juillet, dans le cadre du festival Juste pour rire. Elle animera aussi, jusqu'à la fin de juin en remplacement de Pierre Brassard, le quiz Pouvez-vous répéter la question? à ICI Première.

Sur la photo de la conférence de presse de la programmation de Juste pour rire, j'ai remarqué que tu étais au premier plan...

C'est parce que je suis petite! Je suis toujours à l'avant... Je ne pouvais pas être derrière Laurent Paquin et Jean-Marc Parent.

J'ai vu Anaïs, une des rares femmes sur la photo, qui porte le message que Juste pour rire est rendu ailleurs. Gilbert Rozon est parti, et on passe à autre chose.

Pour moi, Juste pour rire, ça n'a jamais été Gilbert. Je travaille avec Juste pour rire depuis que j'ai 18-19 ans, à l'époque où on faisait la LNI dans le Vieux-Port. Il n'était pas là au quotidien dans la création. Si ç'avait été le cas, oui, on aurait tous quitté le bateau.

Et les soeurs Rozon qui ont été congédiées?

Je ne les connaissais pas vraiment. Elles étaient surtout en management.

La confrérie des humoristes - je dis confrérie parce que c'est surtout des gars - a créé son propre festival, le Grand Montréal Comédie Fest, il y a quelques mois. Depuis, on sent des tensions. Comment ça se passe pour toi?

Au début, quand ils ont annoncé ça, je me suis dit: «Ah non!» J'haïs ça, les guéguerres. Mais finalement, ça a eu l'effet contraire. Avant, il y avait ComediHa! et Juste pour rire qui se livraient une petite guéguerre. Il y a un troisième joueur. On ne sait pas ce que ça va donner - Châteauguay-Mascouche, ce n'est pas clair - , il sera le petit frère pauvre en partant. Mais on peut faire plusieurs festivals alors qu'avant, ça ne se faisait pas. Avant, tu choisissais ton clan. Maintenant, Laurent Paquin fait les trois festivals. La seule chose que je trouve plate avec le «Grand Montreal Comedy Fest» [elle prononce à l'anglaise] - je ne suis pas capable de le dire en français - , c'est ses dates. C'est un peu chien d'arriver en même temps que le Zoofest. Ça nuit à la relève en la divisant, alors que c'est ce qu'il y a de plus chouette en humour en ce moment. Je suis plus maman. J'aurais géré ça de manière amicale, en organisant ça plutôt en juin. En même temps, je ne suis pas dans le secret des dieux. Je ne suis pas officiellement dans le monde de l'humour...

C'est-à-dire?

Ça fait 10 ans que j'évolue dans ce milieu-là, mais quand t'as pas fait l'École de l'humour et que t'as pas fait un one-man show, tu ne seras jamais considéré comme humoriste. Emmanuel Bilodeau, même s'il faisait cinq one-man shows, il sera toujours un acteur qui fait de l'humour. Il ne sera jamais accepté comme humoriste. Pour moi, c'est pareil.

T'es la fille de théâtre qui fait de l'humour? La fille d'impro qui fait de l'humour? L'animatrice...

Je suis tout ça. Au début, je me battais avec les étiquettes, mais plus maintenant. Je n'ai pas de case.

Ça fait ton affaire?

Je m'en fous! J'ai de beaux projets. J'aime mieux dire que je suis une animatrice drôle, parce que si ce n'est pas drôle, ce n'est pas grave. Être humoriste, ça vient avec la pression de faire rire à tout prix. J'ai commencé dans la salle des nouvelles de Radio-Canada en animant RDI Junior. Je sortais de la maîtrise en théâtre. J'ai réalisé des courts métrages, j'ai fait de l'impro. Les gens me perçoivent de toutes sortes de manières.

On se connaît un peu et souvent, tu fais des blagues sur ton physique...

Parce que ça te fait réagir! Je suis une fille ordinaire. Je n'ai pas un physique à la Maripier Morin. Je ne suis pas Caroline Néron. Je suis moi, ce qui est cool pour plein de choses. Mais je vais finir par écrire et réaliser. Dans une équipe de nage synchro, je suis en dessous de l'eau. Je ne suis pas la personne qui brille au top. Je suis la fille qui travaille fort, mais qui n'envie pas celles qui ont des vies de superstars! Je suis une fille normale. Je ne voudrais pas avoir du Botox ou des talons hauts tout le temps. Dans un film, on cherche quelqu'un pour faire la mannequin? Ce ne sera pas moi. Je mesure 5 pi 1. Je suis aussi haute que large!

Ben voyons!

Ça te fait réagir! Il faut faire la différence entre mon milieu de travail et la vraie vie. Dans la vraie vie, je porte du «extra small». Je suis dans les petites. À la télé, je suis dans les rondes...

Vraiment?

Vraiment! Je fais partie des rondes. Parce que les trois quarts des filles dans notre milieu sont soit maigres naturellement, soit anorexiques. Il y en a beaucoup. Elles auront beau dire: «Ben non, c'est pas de l'anorexie; je mange juste ce que j'ai envie de manger», une pomme par jour, c'est de l'anorexie! Les actrices se trouvent grosses, se mettent au régime. Il y en a qui fument juste pour maigrir. Moi, si j'ai envie d'un muffin, je le mange. Mais je suis une «grosse» de service. J'ai eu des ennuis de santé et j'ai pris 20 livres en un an. J'ai continué à faire de la télé pareil. Comme je ne suis pas là pour ma beauté, je peux me permettre de vieillir et d'engraisser, contrairement à d'autres. Il y a une fille qui m'a écrit que ça paraissait que j'avais engraissé et que je devrais me camoufler pour cacher ça. Je lui ai répondu que si elle trouvait que j'avais un gros cul, j'en avais probablement un pour vrai. À l'écran, je fais partie d'une minorité qui a un «poids santé».

Donc la diversité corporelle à l'écran...

Il y en a zéro!

Il y a deux poids, deux mesures. Les gars peuvent être gros pour vrai, pas très beaux, et faire de la télé. Ce n'est pas un problème.

Oui, ça ne dérange pas. En même temps, je connais des gars qui se font parler de leurs chaussures ou de leur prise de poids. Il y a des gens qui ont beaucoup de temps libre. La dame qui m'a écrit voulait sans doute être gentille. Elle sait masquer ses complexes et s'est dit qu'elle pourrait me donner des conseils. Je suis lucide! Mes cheveux blancs, je les vois avant les autres.

Je remarque dans ton parcours, notamment à Juste pour rire, que tu as coanimé des galas avec Maxim Martin et qu'à la radio aussi, tu as été coanimatrice avec des gars. Est-ce qu'on laisse autant de place aux femmes qu'aux hommes dans l'animation?

Ben non ! Prends l'exemple de mes coanimations de galas Juste pour rire. On dit que Maxim a animé deux galas Juste pour rire. Et que moi, j'ai «coanimé» deux galas Juste pour rire... Je l'ai entendu. Est-ce que c'est parce que je suis une fille ou parce que je ne suis pas une humoriste de la gang? Dans notre domaine, quand on parle d'équité salariale, ce n'est pas juste une question de gars-fille. Il y a aussi une question de notoriété. Si je travaille avec Véronique Cloutier, on ne fera pas le même salaire. C'est la réalité de notre métier.

Tu animes le gala d'après-midi des Gémeaux depuis trois ans. Tu vas le refaire en septembre. Tu es excellente, très grinçante. Beaucoup de gens, moi le premier, te voyaient animer le gala de soirée avec Jean-Philippe Wauthier, après l'affaire Salvail. Il va l'animer seul. Ç'aurait pu être un gars, une fille, en 2018, après tout ce qui s'est passé. En a-t-il été question?

Écoute... Je ne sais pas tout. Et ce que je sais, je ne peux pas le dire. Ç'a été compliqué. La vérité, c'est que je ne devais pas animer le gala d'après-midi cette année, après un contrat de trois ans. Mais après tout ça, quand Guy A. Lepage a dit à Tout le monde en parle qu'on s'attendait à ce que j'anime le gala de soirée, je me suis sentie obligée de revenir l'après-midi, pour ne pas avoir l'air de la fille qui boude. Déjà que je suis connue dans l'industrie pour mon caractère! Je sais qu'il faut toujours que je fasse attention à ce dont j'ai l'air et à ce que je dis. En plus, comme je suis une très grande consommatrice de télé, j'avais des bonnes blagues de Fugueuse et d'Hubert et Fanny que je ne voulais pas gaspiller! J'adore faire ça. L'après-midi, ARTV me laisse carte blanche, et je peux être limite.

Parlant de limites, José Gaudet a testé les siennes cette semaine...

Il y a différentes façons de voir les choses. La blague de José Gaudet était très 1998. Leur émission de radio, c'est un peu ça. Par contre, il y a beaucoup de gens qui ne savaient pas que José Gaudet était de retour à la radio et qui le savent maintenant. On est dans une époque où tout devient de la publicité. Les gens qui votent pour les gagnants du gala Artis ne savent même pas c'est pour quelle émission. Ils ont vu leur pub, leur mariage, leur accident. Une année où ta blonde accouche, t'as de bonnes chances de gagner, peu importe le travail que tu fais. On est dans la médiatisation à outrance. José Gaudet a peut-être fait de la bonne promo, finalement...