Il y a 25 ans, trois jeunes photographes québécois inspirés des agences européennes Magnum et Vu décidaient de fonder leur propre agence de photojournalisme. Photographie de rue, documentaires, reportages internationaux, crises politiques et sociales, rien n'a échappé au regard de ceux qui sont passés par l'agence Stock, qui célèbre son quart de siècle avec l'exposition Agence Stock: 25 ans d'histoires, du 6 décembre au 6 janvier à la maison de la culture Mont-Royal. Cinq d'entre eux nous parlent de leur métier et de leur passion pour les gens, leur matière première.

JEAN-FRANÇOIS LEBLANC, cofondateur et toujours membre

«On trouvait que ça manquait au Québec, cette approche de la photo. Quand c'est bien fait, le photoreportage est un mélange parfait d'expression artistique et d'une vision personnelle. Le tournant pour l'agence, ç'a été la crise d'Oka. Les photographes étaient très impliqués et nos photos ont circulé partout dans le monde. Je fais de la photo depuis que j'ai 16 ans, mais le journalisme m'a toujours intéressé. J'aime aussi l'anthropologie, l'ethnologie, c'est pour ça que j'aime le travail de terrain. Le métier a changé en 25 ans, il s'est démocratisé et il y a de plus en plus de lieux (virtuels) de diffusion. Pour se démarquer, la photo se doit d'être puissante.»

Robert Fréchette, cofondateur

«Déjà au secondaire, j'étais politisé. Comme j'aimais la photo, j'ai vite fait le lien entre les deux. Ç'a toujours été important pour moi de mettre les choses en image tout en ayant une préoccupation sociale. Avec Stock, on a été partout, le référendum de 95, la crise d'Oka, des manifs, tellement de manifs! J'ai travaillé dans le Nord avec les autochtones pendant plusieurs années et, en revenant à Montréal, je vois que le métier a changé. Pendant le printemps érable, il y avait presque autant de photographes que de manifestants! Quand on a commencé, personne ne faisait comme nous, de la photo de rue à la Cartier-Bresson. Moi, 25 ans plus tard, je travaille encore comme ça, tout est dans la prise de vue et l'instant décisif.»

Caroline Hayeur, membre depuis 18 ans

«J'avais fait un stage de photographe à La Presse et après ça, Jean-François Leblanc m'a demandé de me joindre à eux. J'ai commencé la photo à 14 ans, je rêvais de faire des photos pour le National Geographic, je voulais marcher dans les traces de Raymond Depardon... L'approche humaniste et la photo de rue de Stock me correspondaient. Un des grands moments de l'agence a été lors de nos 15 ans, lorsqu'on a fait une expo commune sur Haïti à Haïti. J'aime photographier les gens, les rencontres publiques, le quotidien. Ma cousine Isabelle fait de la photo d'art, et elle est excellente là-dedans. Je dis souvent: s'il n'y a personne sur la photo, ce n'est pas moi, c'est elle!»

Josué Bertolino, membre depuis un an

«J'ai partagé les bureaux de Stock pendant un an avant qu'ils m'offrent de me joindre à eux. Pour moi, c'était un honneur parce que cette agence a un côté mythique pour les jeunes photographes. Je connaissais leur travail, surtout celui de Jean-François Leblanc, qui me touchait, et j'étais impressionné par eux. Le fait que ce soit un collectif, ça donne de la crédibilité comme photographe. La vision de Stock est très axée sur le documentaire et les manifs et ça me parle. J'aime faire des reportages sur les gens, surtout sur les groupes qui veulent changer la société ou améliorer leurs conditions de vie. J'ai envie d'être un acteur autant qu'un témoin, d'avoir l'impression que je peux changer les choses.»

Marie-Hélène Tremblay, membre depuis six ans

«J'ai travaillé sur les plateaux de cinéma à Vancouver pendant 10 ans. Quand je suis revenue à Montréal, je me suis mise à achaler Jean-François Leblanc, j'avais vu les photos de son expo Made in China et je me disais: c'est exactement ça que je veux faire. Je voulais être son assistante, il a fini par me proposer de me joindre à eux. J'aime le côté spontané des reportages, je suis allumée par les gens et leur environnement, leur métier, les excentriques. L'intérêt d'un collectif, c'est qu'on peut discuter, avoir des idées, de l'aide pour la sélection de photos et pour se structurer.»

Photo: Josué Bertolino, Agence Stock

Le 16 mai 2012, une «MaNUfestation» ludique est organisée par les étudiants pour dénoncer la hausse des frais de scolarité, ayant pour slogan «En sous-vêtements pour un gouvernement transparent».