Robert Sadin Art of Love. Deutsche Grammophon   Bien que ce corpus soit celui du compositeur et poète médiéval Guillaume de Machaut, bien que cette musique ait mis à contribution plusieurs musiciens de la communauté jazzzistique, cette relecture sous la direction du New-Yorkais Robert Sadin est un prétexte pour illustrer la pérennité et l'universalité de ces chants fabuleux, via lesquels s'entrelacent les contributions latino-américaines, nord-africaines, ouest-africaines, noires, sémites, caucasiennes, anglophones, arabophones, lusophones, francophones.

El Guincho Pop Negro. Young Turks

L'Espagnol Pablo Díaz-Reixa, alias El Guincho, s'avère selon moi l'équivalent hispanophone de créateurs pop issus de l'ère numérique et mis de l'avant par la culture anglo-américaine, tel Animal Collective. On ne peut conclure à la pâle copie pour autant. El Guincho témoigne aussi d'une connaissance des musiques tropicales modernes et latino-américaines.

Awadi Présidents d'Afrique. Péripheria

Pionnier du hip hop africain (Positive Black Soul), le MC sénégalais Didier Awadi. Voilà le résultat d'un immense travail de terrain, réalisé au terme d'une recherche étalée sur 45 pays de l'Afrique et sa diaspora. Voilà un album annonciateur, inspiré de tous les tréfonds du continent noir et de son histoire socio-politique. Multilingue, traversé par la culture urban afro-occidentale et... par toutes les présidences africaines.

Tiken Jah Fakoly African Revolution. Barclay/Universal

Son approche roots reggae devenue redondante, l'Ivoirien Tiken Jah Fakoly a réussi sa transition vers une pop de qualité, à la fois moderne dans ses formes et beaucoup plus proche de ses racines ouest-africaines. Ainsi, la lutherie acoustique que préconise Tiken Jah Fakoly (en plus de l'instrumentation qu'on lui connaissait) confère à cette musique populaire une fraîcheur renouvelée. Il était grand temps que le reggae africain assume ses traditions, bien au-delà de ses emprunts jamaïcains.

Afrocubism World Circuit. Nonesuch Records

Décevante sur scène, la matière de cet album demeure une réussite en studio. L'amalgame réunit un aréopage de virtuoses maliens des musiques traditionnelles et de solides musiciens cubains associés aux musiques populaires de l'île, enfin ces musiques en vogue bien avant la révolution castriste. Bien qu'on ait noté la proéminence de la substance malienne sur la cubaine (enfin celle ici mise en relief), on ne peut qu'applaudir la réussite de ce projet. Voilà la fusion réussie de deux cultures incontournables.