Même si elle a illustré des dizaines et des dizaines de livres depuis 10 ans, Josée Bisaillon trouve bien « flatteur » de figurer parmi les invités d'honneur du Salon du livre. « C'est sensible de leur part de considérer qu'une illustratrice est auteure à part entière, et non pas juste quelqu'un qui aide à mettre en valeur un texte. »

C'est que Josée Bisaillon ne fait pas partie de ces illustrateurs vedettes qui, comme Élise Gravel ou Philippe Béha, signent aussi leurs histoires. « Mais ça s'en vient, dit-elle. C'est un scoop ! Je n'ai rien de fini, mais ça fait un bout que je travaille sur des textes, des idées... Sauf que j'ai le syndrome de l'imposteur même en illustration, alors quand vient le temps d'écrire, c'est encore pire. »

De toute façon, ce n'est pas un objectif pour l'illustratrice, qui voit son art comme la capacité de montrer ce qu'il y a entre les lignes. Elle a d'ailleurs surtout travaillé en littérature jeunesse, qui offre, dit-elle, énormément de liberté. « On n'est pas obligé d'être collé à l'histoire. L'illustration ouvre une autre porte dans la littérature. C'est comme Alice qui va voir de l'autre côté du miroir. »

Chaque histoire demande sa technique, explique l'illustratrice, qui s'inspire de l'ambiance que dégage le texte. Josée Bisaillon maîtrise de nombreux procédés artistiques, mais s'est beaucoup fait connaître par ses collages - « Je dessine, je découpe ce que je dessine et je recolle », résume-t-elle en souriant. Bien sûr, son style a évolué et sa manière de travailler est plus éclectique. « J'ai même ajouté l'aquarelle il y a quelques années, alors qu'avant je détestais ça ! Quand on regarde mes albums, même s'ils sont souvent très différents, on voit malgré tout que c'est la même personne qui illustre. »

L'illustratrice n'a jamais manqué un Salon du livre de Montréal depuis 10 ans, sauf l'année où elle était enceinte de ses jumeaux. « Je n'étais pas capable de bouger ! » Les matinées scolaires la tiennent bien sûr fort occupée, mais elle aime aussi quand les grands-parents viennent chercher des livres pour leurs petits-enfants. « Ils sont forts sur les livres et nous posent beaucoup de questions. C'est intéressant. »

Comme invitée d'honneur, elle estime que son rôle ne change pas par rapport aux autres années. « Je veux transmettre ma passion et mettre l'accent sur le rôle de l'illustration. Ça me tient à coeur de dire que c'est vraiment une profession. J'aimerais que ça se sache, que ça se dise, que ça se démontre. »

Souvenir de Salon : Dessiner pour passer le temps

« Une année que je signais sans l'auteur, personne ne s'est présenté au stand. Mais j'ai indiqué trois fois où étaient les toilettes par exemple... Ça arrive à tout le monde, et personne n'ose en parler ! Depuis ce temps, j'apporte toujours un cahier d'esquisses et je dessine dedans. Ça attire des gens, et si ce n'est pas le cas, ça permet de passer le temps. »