Romancière, scénariste, poète, Sophie Bienvenu a mis du temps à assumer qu'elle était bel et bien une auteure. C'est ce qu'elle nous avouait en entrevue lors du lancement de son troisième roman, Autour d'elle, l'an dernier. « Je fais ça à temps plein depuis quatre ans seulement », précise-t-elle.

D'où son étonnement de se retrouver parmi les invités d'honneur du Salon. « Quand ma maison d'édition a dit qu'elle soumettait ma candidature, j'étais sûre que ça marcherait pas. Je ne pensais pas que j'étais rendue là. »

Celle qui fréquente le Salon comme auteure depuis 2006 a eu ses premières files l'an dernier. « Je me disais : "ça se peut pas. Est-ce que je suis rendue Patrick Senécal, moi ?" Mais j'ai toujours fait de belles rencontres au Salon, chaque année. »

« Les gens viennent te voir parce qu'ils ont été touchés par ce que tu écris, alors tu sors de là épuisée, mais avec la satisfaction de faire la bonne chose dans la vie. »

La carrière de Sophie Bienvenu a été lancée par son premier roman, Et au pire, on se mariera, en 2011. « J'étais convaincue que personne ne s'y intéresserait, à part ma mère et mes voisins », dit l'auteure de 35 ans. Pourtant, son livre coup de poing a connu un succès aussi public que critique, en plus d'être adapté au théâtre, puis au cinéma cette année par Léa Pool. « La vie de ce livre est tellement longue. J'imagine qu'un jour, tout le monde qui devait le lire l'aura lu ! »

Elle a maintenant plusieurs cordes à son arc d'écrivaine et ne pourrait plus vivre autrement. « Quand j'ai une idée, je sais si ce sera de la poésie, un roman ou un scénario », explique l'auteure, dont les deux premiers livres, Et au pire, on se mariera et Chercher Sam, ont connu beaucoup de succès auprès des jeunes.

« C'est ce que je préfère, rencontrer les jeunes. Ils m'aident à décortiquer mon oeuvre, comme si les personnages étaient leurs amis. J'ai déjà rêvé d'être prof, alors aller dans les cégeps a tous les avantages de ce métier, sans les inconvénients ! »

En ces temps sombres, Sophie Bienvenu estime que la littérature permet d'ouvrir une porte sur le monde et de mieux le comprendre. « Moi, je ne sais pas à quoi me servent les livres. J'ai appris à lire à 4 ans, j'ai tout lu dans la bibliothèque de ma grand-mère, même un manuel de savoir-vivre de 1950 ! J'aurais su quoi faire si un ambassadeur était venu souper... Chez moi, il y a des livres partout. Ça me sert à me nourrir, à vivre, à tellement de choses. »

Souvenir de Salon : L'effet d'un livre

« L'an dernier, une jeune femme est venue me voir, toute fébrile, pour me dire qu'elle avait décidé de laisser son chum après avoir lu Autour d'elle. Je n'étais pas certaine que c'était une bonne chose. D'habitude les gens viennent te voir pour te raconter des trucs qui te font plaisir. Mais là j'étais ambivalente, et je le suis encore aujourd'hui, car je ne suis pas certaine de vouloir avoir ce genre d'effet. Mais c'est la preuve que tes livres t'échappent. Tu les écris, tu les confies à des gens, et ils en font ce qu'ils veulent. »