L'écrivaine Anne Hébert, qui s'est éteinte à l'aube du nouveau millénaire (le 22 janvier 2000, précisément), serait aujourd'hui âgée d'un siècle!

Pour célébrer ce centenaire, une exposition a été conçue et montée d'abord à l'Université de Sherbrooke dans le cadre du Colloque international Anne Hébert, en juin dernier, puis a été déplacée jusqu'ici, au Salon du livre de Montréal, au grand plaisir des fervents admirateurs et pour la curiosité des néophytes. 

Le volet littéraire de l'exposition, au titre joliment énigmatique - La détermination d'un regard -, retrace le parcours littéraire et personnel de l'auteure de Kamouraska, des Fous de Bassan, du Tombeau des rois et d'une impressionnante variété d'écrits en tous genres. Anne Hébert a touché au roman, à la poésie, au théâtre, au conte, au scénario de film, à la dramaturgie radiophonique. À la panoplie de documents proposés - manuscrits, dactylographies - s'ajoutent des affichettes, des premières éditions de photographies et d'autres surprises.

Co-commissaire de l'exposition avec sa collègue Annie Tanguay, Nathalie Watteyne, professeure à l'Université de Sherbrooke et directrice du Centre Anne-Hébert, explique: « La vision, en art, s'acquiert progressivement, se déterminant en fonction de la volonté, de l'expérience et de l'acquisition d'une maîtrise, en l'occurrence ici de l'écriture. Et quand on regarde sur la couverture de l'Album Anne Hébert, on remarque toute la détermination du regard de la jeune Québécoise, qui vient de débarquer en France, pour effectuer un premier séjour d'écriture. Et nous avons voulu faire ressortir le regard intérieur de l'artiste, pour souligner l'importance du processus de création, vu qu'il s'agit d'une exposition d'archives littéraires. »

Watteyne rappelle qu'Anne Hébert, ce n'est pas que quelques romans bien connus et célébrés - ce qui aurait déjà été beaucoup. C'est aussi, et surtout, 60 ans d'écriture dans des genres littéraires les plus variés - depuis les années 40 à la fin de sa vie, Hébert n'a pas cessé d'écrire, et d'écrire de tout.

La détermination d'un regard témoigne donc, matériellement et concrètement, à partir d'objets, de l'évolution créatrice d'une écrivaine québécoise des plus aimées et admirées, et des plus polyvalentes. 

Et parmi les artéfacts présentés, parmi ces fétiches, des lettres intimes écrites de sa main, des médailles (Hébert a remporté une vingtaine de distinctions littéraires, avant d'elle-même laisser son nom à un prix); on trouve même la machine à écrire de l'auteure, une brave complice de marque Olivetti, objet émouvant d'une époque révolue où les écrits n'étaient pas automatiquement soumis à un traitement de texte.

Une table ronde sur la vie et l'héritage d'Anne Hébert, avec Nathalie Watteyne, Marie-Andrée Lamontagne, Annie Tanguay, Carole David et Bernard Chassé, aura lieu samedi, à 16 h 30, à la Grande Place.