Les férus d'histoire sauteront dans la cohue dominicale du Salon pour assister à deux événements d'animation qui permettront, peut-être, de faire la différence entre mémoire et conscience historiques et de voir comment l'histoire ou l'idée que l'on s'en fait contribue à forger l'identité d'une communauté. Pour ne pas dire d'un peuple ou d'une nation.

À 14h45 à l'Agora, lieu historique d'échanges de vues sinon d'empoignades publiques, le Salon propose une table ronde sur le thème «Je me souviens ou si peu». Il y a ce qu'on veut oublier mais sans y arriver et il y a des événements dont on devrait se rappeler mais qu'on oublie. Ou que l'on n'a jamais su parce qu'ils ne nous ont pas été transmis ou enseignés...

Autour de cette «table de mémoire» se retrouveront des personnalités aux horizons divers mais qui ont l'histoire en partage, sinon des histoires à partager.

Denise Bombardier est journaliste, mentore de la Fondation Trudeau et auteure d'une vingtaine d'ouvrages dont ce Dictionnaire amoureux du Québec qui vient de sortir dans la grande série de Plon et où on lit, dans la troisième phrase de l'avant-propos: «Le Québec, en se délestant de la religion avec une fulgurance jamais enregistrée dans l'histoire d'un peuple, a perdu la moitié de son identité.»

On pourrait alors avancer que Gilles Proulx s'est fait connaître (et entendre) comme défenseur de «l'autre moitié» de l'identité québécoise, la langue française. L'ex-radioman - madame B. l'a déjà remplacé au 98,5 - s'est toujours intéressé à l'histoire, dont celle de Napoléon et de saint Paul - eh! oui - et on lui doit l'ouvrage Les grands détours de notre histoire Québec-Canada, une histoire dont il parle sans détour.

Gilles Proulx a signé la préface de Montréal d'antan à travers la carte postale ancienne que Jacques Saint-Pierre, le seul historien patenté (Lettres de Limoilou) parmi les invités, vient de faire paraître aux Éditions HC. Le quatrième invité est Pierre Monette, le collectionneur de cartes postales qui a fourni le contenu iconographique de l'ouvrage de M. Saint-Pierre.

Ce panel sera animé, ou modéré, par Éric Bédard, auteur de L'histoire du Québec pour les nuls, un ouvrage à tendance nationaliste qui manque de nuance selon Jocelyn Létourneau, qui s'entretiendra avec Marie-Andrée Lamontagne à la Place Confort TD à 16h30.

Les jeunes et l'histoire

Directeur de la Chaire de recherche du Canada en histoire du Québec contemporain de l'Université Laval, Jocelyn Létourneau expliquera les mécanismes de la vaste enquête qu'il a menée auprès de centaines de jeunes qui, avant 2007, avaient suivi le cours Histoire du Québec et du Canada donné en 4e secondaire. Dans la controverse et la confusion, ce cours a été remplacé depuis par le cours Histoire et éducation à la citoyenneté.

M. Létourneau a publié, chez Fides, les résultats de cette enquête (voir jocelynletourneau.com) dans un ouvrage intitulé Je me souviens? Le passé du Québec dans la conscience de sa jeunesse.

Pour l'auteur de Que veulent vraiment les Québécois? (Boréal, 2006), la conscience historique est «l'idée générale qu'une personne se fait de ce qui a eu lieu» et il semble que l'idée générale que se fait la jeunesse d'ici de l'histoire du Québec soit plutôt «malheureuse». Alignée, selon lui, sur le récit du nationalisme traditionnel présentant un Québec conquis et en mode perpétuel de survie face à l'Anglais assimilateur.

Les jeunes, qui «savent sans connaître», n'en sont pas détachés de l'histoire pour autant. «Ils ont une vision forte de ce qui fut à défaut d'avoir une connaissance pleine de ce qui a été», écrit Jocelyn Létourneau qui préconise dans l'enseignement de l'histoire la présentation de «perspectives plurivoques sur le passé».

On en compte déjà deux, c'est bien parti.

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> Notre devoir de mémoire - Je me souviens ou si peu, dimanche à 14h45, à l'Agora.

> Le passé du Québec dans la conscience de sa jeunesse, dimanche à 16h30, à la Place Confort TD.