Les lettres québécoises doivent beaucoup à Raymond Plante. Pilier de la littérature jeunesse et instigateur de la «littérature miroir», l'écrivain disparu en 2006 n'a pas seulement donné le goût de la lecture à de nombreux enfants et adolescents avec ses propres livres, il a aussi formé quantité d'auteurs en tant que professeur et éditeur,  métiers qu'il a aussi pratiqués avec passion.

La journaliste et auteure Claudia Larochelle a doublement bénéficié de l'engagement de Raymond Plante envers la jeunesse: elle a été son élève et l'une de ses fidèles lectrices. «Je n'avais que 8 ans quand Le dernier des raisins est sorti, mais c'est un des premiers romans que j'ai lus, un peu plus tard, raconte-t-elle. J'ai suivi toute la série. Ce sont des lectures marquantes pour moi.»

Le dernier des raisins a lancé la vogue de la «littérature miroir», c'est-à-dire une littérature jeunesse qui reflétait la vie des adolescents auxquels elle était destinée. Les personnages pouvaient avoir des boutons sur le nez, des parents en instance de divorce, et être turlupinés par le désir du premier baiser ou de leur première relation sexuelle.

«Son approche était dénuée de morale, alors que, dans la littérature jeunesse, il y avait souvent une morale en filigrane», constate Claudia Larochelle, qui animera une table ronde sur le thème «Les 25 ans du Dernier des raisins». Les auteurs Dominique Demers (Ils dansent dans la tempête,Vieux Thomas et la petite fée), Matthieu Simard (Pavel, Ça sent la coupe) et Jade Bérubé (Nikki Pop) se joindront à elle.

Claudia Larochelle se réjouit à l'idée de s'attarder au Dernier des raisins. «J'avais un gros kick sur le personnage de François Gougeon. J'aurais aimé être Anik», avoue-t-elle, un sourire dans la voix. Plus objectivement, elle continue de juger que ce roman fait partie de ce qui s'est fait de mieux en littérature jeunesse.

Le 25e anniversaire du Dernier des raisins sera donc l'occasion de s'interroger sur l'évolution de la littérature jeunesse depuis la parution de ce roman fondateur. Quelle résonance a-t-il à l'ère de Facebook? Son influence se fait-elle encore sentir sur la littérature jeunesse d'aujourd'hui? Sa manière, avant-gardiste à l'époque, inspire-t-elle toujours ou a-t-elle été imitée jusqu'à l'édulcoration? Qu'en est-il de la morale? a-t-elle fait un retour dans la littérature jeunesse?

Ce n'est pas qu'un tout petit héritage que les participants auront à inventorier. Avec une certaine émotion, peut-on prévoir, puisque Raymond Plante a disparu prématurément, en février 2006, à seulement 59 ans. «Je suis sûre qu'il avait encore des choses à dire aux jeunes», regrette Claudia Larochelle.

>> Les 25 ans du «Dernier des raisins», vendredi, 15 h 30, au Carrefour Desjardins.