Poète, critique, essayiste, directeur de la revue Lèvres urbaines, grand ambassadeur des lettres québécoises, l'auteur de La ville aux yeux d'hiver et de L'autre voix est aussi le seul et unique «poète de la Cité» de Montréal.

Que recherchez-vous, en tant que lecteur, quand vous fréquentez un salon du livre?

Je recherche une information panoramique sur les nouveautés dans le monde du livre. Je vois les salons comme une mégalibrairie qui permet des interactions entre les livres, les auteurs et un public de lecteurs. Les signatures, les débats, les animations favorisent des rencontres et des découvertes de nouveaux titres et de nouveaux auteurs d'ici et d'ailleurs. On passe plus de temps dans un salon que dans une librairie, c'est une occasion d'immersion dans une ambiance où le livre nous réunit. J'en profite aussi pour aller saluer des amis auteurs, car le Salon est un lieu de retrouvailles pour la famille littéraire.

Que lisez-vous quand vient le temps de vous évader?

Pour m'évader, je lis et je relis la poésie, de Pétraque à Tomas Tranströmer, en passant par Verlaine, Lautréamont, Neruda, Dante et Sor Juana Inés de la Cruz, les romantiques anglais, allemands, français et québécois. Des sonnets de Shakespeare à la poésie mexicaine contemporaine, je m'évade dans la poésie. Je lis les recueils récents pour trouver de nouvelles voix et des anthologies de toutes les époques, de toutes les cultures. Pour m'évader encore, je lis des biographies de poètes, dont dernièrement celles de Fernando Pessoa, de Gérard de Nerval, de Jack Kerouac, d'Oscar Wilde et de Qu Yuan, le premier poète chinois. En ce moment, je lis en parallèle La vie en jeu, de Vladimir Maïakovski, et, de Pierre Nepveu, Gaston Miron - La vie d'un homme.

Quel serait l'auteur qui, selon vous, représente le mieux notre époque?

Le poète Gaston Miron. Pour la force tellurique de son indignation, pour l'enracinement et les frondaisons de sa poésie rayonnante d'universalité. Amour et engagement y croisent conscience et courage. Pour ses verbes au futur. Pour sa parole emportant l'adhésion en un espoir transformateur, «en une seule phrase nombreuse». Gaston Miron, pour sa grande et vibrante actualité.

Y a-t-il un livre ou un auteur qui vous a donné envie de vivre dans un autre siècle?

Nelligan, pour la musique de ses vers qui me laisse rêver de paysages d'enfance, de «Soir d'hiver», de «Vaisseau d'or», de «Chopin», de «Châteaux en Espagne», de «Clavier d'antan» et d'une poésie aussi triste que pure. Nelligan, qui me laisse imaginer le Montréal de la fin du XIXe siècle au rythme des saisons qu'accompagne un désir de «faire des vers célèbres». Nelligan, pour me replonger dans le romantisme d'un «rêve d'artiste» avec ses idéaux et ses élans du coeur où «Nous nous reposerons des intimes désastres,/Dans des rythmes de flûte, à la valse des astres.» Nelligan, en souvenir de mes premiers émois poétiques. Dans ma fierté timide d'adolescent montréalais, tout au début des années 60, je découvrais que ce génial poète qui me touchait tant était québécois et chantait parmi les grands.

Quel est le classique que vous auriez envie de relire?

L'oeuvre complète d'Hubert Aquin. Pour le baroque de ses fulgurances, pour ses images, son écriture sensible et intelligente qui ouvre avec passion et modernité Le prochain épisode de notre inscription dans le grand livre des cultures du monde.

Qu'est-ce qui donne à un roman son caractère impérissable?

Sa poésie.

>> Gilles Archambault s'entretiendra avec Claude Beausoleil jeudi, 19 h, au Carrefour Desjardins.

>> Claude Beausoleil participera à une table ronde sur la poésie samedi, 18 h 15, à l'Agora.