C'est la première fois que Felwine Sarr est invité au Salon du livre de Montréal. Cet écrivain sénégalais, publié chez Mémoire d'encrier depuis 2011, est un véritable phénomène : doctorat en économie, doyen de la faculté d'économie et de gestion de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis, musicien... Sa visite à Montréal représente, pour ceux qui ne le connaissent pas, une occasion de découvrir un être hors de l'ordinaire.

Ce surdoué - il est également éditeur et libraire - dit avoir beaucoup de points en commun avec les Québécois :

« Dans les espaces extra-hexagonaux comme le Sénégal et le Québec, il y a une grande vitalité. On partage une culture et une langue qui ne passe pas par le centre, c'est-à-dire la France. »

Felwine Sarr, qui a déjà été invité au Salon du livre de Québec, se dit admiratif de notre province et des Canadiens francophones en général. « J'aime comment vous faites vivre une culture par la chanson, la poésie, la littérature... »

Grand défenseur de l'Afrique qui « n'a personne à rattraper », répète-t-il, cet intellectuel réfute l'hégémonie occidentale et sa domination intellectuelle. « J'ai la faiblesse de croire que lorsqu'on pense l'Afrique, on pense le monde, a-t-il confié au quotidien Libération l'an dernier. La chance de l'Afrique peut résider justement dans le fait qu'elle n'est pas encore complètement intégrée dans ce modèle rationaliste et mécaniciste dont nous voyons bien aujourd'hui les limites. » En d'autres mots, Sarr défend la spécificité de l'Afrique.

Un écrivain engagé

Au début du mois, Felwine Sarr a accueilli une cinquantaine d'intellectuels et d'artistes (dont le poète et éditeur haïtien établi à Montréal, Rodney Saint-Éloi) à Dakar, dans le cadre de la deuxième édition des Ateliers de la pensée, un événement qu'il a fondé l'an dernier avec l'historien camerounais Achille Mbembé pour réfléchir aux enjeux auxquels fait face le continent africain.

L'été dernier, les deux hommes ont publié les textes de la première édition de cet événement, Écrire l'Afrique-Monde, aux éditions Philippe Rey. Un recueil de textes qui réfléchissent à l'Afrique d'un point de vue politique, économique et social. Pour Sarr, il est important de penser l'Afrique en dehors de l'Occident et de l'hégémonie des écrivains occidentaux. « On peut être moderne sans être occidental », aime-t-il répéter.

Véritable vedette dans son pays, Felwine Sarr profitera du Salon du livre de Montréal pour rencontrer ses lecteurs : « En tant qu'écrivains, nous sommes solitaires, seuls face à notre texte. Un salon, c'est l'occasion d'échanges et de rencontres avec les lecteurs. » À l'heure des réflexions sur le racisme, la diversité et l'intégration des immigrants, voilà une rencontre qui ne peut qu'enrichir la discussion.

Souvenir de Salon : Un hiver à Québec

« J'étais invité au Salon du livre de Québec et j'avais passé toute la journée à l'intérieur, entre quatre murs. Quand je suis sorti vers 17 h, il avait neigé toute la journée. Les trottoirs étaient recouverts de neige. Je n'avais pas de chaussures adéquates, je n'arrêtais pas de glisser et de tomber sur le trottoir. J'ai mis entre 30 et 45 minutes avant de pouvoir rejoindre mon hôtel », raconte-t-il en riant.