Éric Plamondon a 48 ans mais a publié son premier roman, Hongrie-Hollywood Express, en 2011. « Je disais en joke que j'étais un jeune écrivain de 40 ans », raconte-t-il. Ce véritable ovni littéraire a formé avec Mayonnaise et Pomme S la trilogie 1984, qui a fait de lui une des coqueluches de la littérature québécoise des années 2010.

Six ans plus tard, il se considère encore comme un « jeune écrivain » et est surpris de se retrouver parmi les invités d'honneur du Salon du livre de Montréal. « D'abord, je suis tombé en bas de ma chaise. Ensuite, je me suis dit : "Maudit, je vais avoir ma photo en gros à l'entrée du Salon." Ç'a été le deuxième choc. »

Éric Plamondon vit en France depuis une vingtaine d'années, mais se voit toujours comme un écrivain québécois. « Tu peux sortir un Québécois du Québec, tu ne peux pas sortir le Québec d'un Québécois », lance l'auteur qui dit se servir de l'écriture pour revenir au Québec par l'imaginaire. Il l'a prouvé dans ses deux plus récents livres : Taqawan, sorti au printemps dernier, et un recueil de trois nouvelles, Donnacona, en librairie cet automne. « C'est plus apparent dans ceux-là, mais dans la trilogie, c'était aussi ma manière de revenir en Amérique. »

Quant aux salons, ils sont une occasion concrète de traverser régulièrement l'Atlantique. « C'est comme si les salons étaient des ponts. C'est d'autant plus important d'être là que comme je ne viens pas souvent, c'est du concentré, un shoot qui dure une semaine. C'est comme une drogue. » Vraiment ? « Oui ! Quand j'arrive, je suis sur le décalage, j'ai des rencontres, des entrevues, mon horaire de dédicaces, des tables rondes... La pression monte comme ça. Et en plus, comme je ne suis pas souvent là, je rencontre les collègues et il y a une espèce de frénésie. C'est un gros rush, c'est la fête. »

Et c'est bien sûr l'occasion de rencontrer ses lecteurs. « Il n'y en a pas deux qui se ressemblent. Les salons, c'est ça aussi. T'es seul dans ton bureau toute l'année, et là tu arrives, les lecteurs viennent te voir, te parlent de tes personnages... C'est un vrai retour. Quand tu repars du salon, tu as tellement d'énergie que tu as envie d'écrire 10 livres. Même si ça ne marche pas comme ça ! »

Cette frénésie, croit-il, se transmet aux visiteurs. « Venir au Salon, c'est comme aller chez IKEA : tu y vas juste pour un bol à salade et tu ressors avec des couteaux, des chandelles... C'est un moment de découverte, tu es toujours certain de tomber sur quelque chose auquel tu n'avais pas pensé. »

Souvenir de Salon : Un aveu surprenant

« J'ai un souvenir très fort d'un salon à Montréal. Une jeune femme vient me voir avec un de mes livres et me demande de le signer en disant : "C'est mon livre préféré après Harry Potter !" Je suis resté bouche bée. Ce que je fais n'a tellement rien à voir avec Harry Potter, à part que ç'a été écrit avec des lettres et imprimé sur des pages ! Je trouve ça génial, c'est la richesse de la littérature et de la découverte. Je n'aurais jamais pu inventer ça, les gens auraient dit : "Mais pour qui il se prend, lui !" »