Trois tables rondes du Salon du livre attaquent les défis qui attendent le Québec au XXIe siècle: l'austérité à l'heure de la mondialisation de la finance, le débat entre l'altération et la préservation du «modèle québécois» hérité de la Révolution tranquille et la tension entre croissance et protection de l'environnement sur fond de développement durable.

L'une des tables rondes sera basée sur un recueil d'essais édité par Yanick Barrette, un historien et géographe qui est en train de faire son doctorat à l'INRS, qui a été lancé début novembre. «Mon idée pour le livre, c'était de faire interagir une panoplie d'auteurs qui normalement ne se seraient pas parlé, dit M. Barrette. Par exemple, Lise Ravary et Robin Philpot, Sébastien Lévesque et Patrick Bourgeois, des gens qui sont en opposition. On a mis des grands thèmes en opposition, par exemple l'économie et l'environnement, sauvegarder la langue française tout en ne négligeant pas l'anglais. On voulait amener les participants à voir au-delà des enjeux actuels.»

L'objectif du débat est le même pour Ianik Marcil, qui a réuni, pour une table ronde sur l'austérité et les paradis fiscaux, Alain Deneault, auteur de Paradis fiscaux: la filière canadienne, et Gérald Fillion, auteur de Vos questions sur l'économie. Mais ici, le modérateur a des idées plus tranchées. «On parle beaucoup de la nécessité de l'austérité pour assainir les finances publiques, mais en fait il y a parfois un objectif idéologique de réduire la taille de l'État», dit M. Marcil, économiste et commentateur. «De même, on dit parfois qu'il est impossible d'augmenter les impôts si les autres pays ne le font pas, mais on oublie que même le FMI avançait il y a deux ans qu'il y a moyen de réduire l'évasion fiscale des entreprises. Et pour ce qui est de la collaboration entre les pays sur les questions fiscales, c'est loin d'être impossible: on a bien réussi à faire une coalition pour les frappes aériennes en Syrie et en Irak.»

Le débat sur la réforme de l'État est plus difficile au Québec qu'ailleurs, selon Christian Dufour, de l'ENAP, modérateur d'une table ronde réunissant certains des auteurs du recueil Les défis québécois, paru le printemps dernier. «Comme francophones, on se rattache en partie au colbertisme à la vision d'un État fort, même si c'est moins qu'en France, où tout le monde est colbertiste, dit M. Dufour. Aussi, le fait que la question nationale n'est pas réglée complique les choses. Si le Québec était indépendant, ce serait plus facile de réformer l'État en fonction de critères plus fonctionnels. Même si on démontrait par a + b qu'il faut privatiser Hydro-Québec, on ne pourrait pas parce que c'est très lié à la Révolution tranquille, à l'affirmation des Québécois.»

______________________________________________________________________________

Les défis québécois, samedi à 17h30, à l'Espace Archambault.

Le Québec à l'heure des choix, samedi à 19h, à l'Espace Archambault.

Comment justifier l'austérité économique à l'heure des paradis fiscaux?, dimanche à 15h, à la Place Confort TD.