Lu par plusieurs générations, réédité, traduit en plus de 250 langues, de l'anglais à l'espagnol en passant par le tzigane, le Petit Prince, célèbre personnage de Saint-Exupéry, fête ses 70 ans cette année. En plus des nombreuses traductions et éditions (1300 à ce jour), ce petit garçon s'est vu transposé au petit écran, notamment dans une série présentée sur les ondes de Télé-Québec.

Mais ce personnage, c'est aujourd'hui beaucoup plus qu'un héros fictif ou une figurine. C'est aussi un legs, un héritage de mots, de pensées, un regard poétique, vibrant et lucide sur la vie. En 1943, il livrait un discours empreint de valeurs de paix, de tolérance, de respect et d'entraide. Saint-Exupéry ne saurait mieux dire aujourd'hui qu'il ne l'a fait il y a 70 ans s'il devait constater le mode de vie contemporain: «Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis.» La surconsommation et surtout l'individualisme résonnent fort dans ces paroles.

Puis, protecteur de sa planète, le Petit Prince insistait sur l'importance d'en prendre soin. «C'est une question de discipline... quand on a terminé sa toilette du matin, il faut faire soigneusement la toilette de la planète. Il faut s'astreindre régulièrement à arracher les baobabs dès qu'on les distingue d'avec les rosiers auxquels ils ressemblent beaucoup quand ils sont jeunes.» Ces mots résonnent aujourd'hui dans le discours de plusieurs environnementalistes, qui y voient une façon de gérer notre planète. Au Brésil, par exemple, on se réfère à ces paroles pour revoir la façon de protéger les plantations menacées d'araucarias, l'arbre national.

En 2008, pour célébrer le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, les Nations unies ont mobilisé le Petit Prince, vedette de leurs documents visuels et symbole exemplaire d'une humanité unie. La même année, l'UNRIC (Centre d'informations régionales des Nations unies) a lancé une première campagne de sensibilisation à l'environnement avec le Petit Prince comme ambassadeur. Différentes entreprises s'inspirent aussi du personnage pour propager leur message. Par exemple, le slogan d'une société distributrice d'énergie n'est rien de moins que «Tu es responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé».

Alors, pour souligner le 70e anniversaire de ce héros, le Salon du livre de Montréal lui réserve un espace et une table ronde samedi à 16 h 30 autour de laquelle échangeront Delphine Lacroix, de la succession Antoine de Saint-Exupéry, Alban Cerisier, éditeur responsable des fonds patrimoniaux aux éditions Gallimard, et Thomas de Koninck, professeur de philosophie à l'Université Laval, qui aurait inspiré le personnage à Saint-Ex lors de son passage au Québec au début des années 40. Ça promet d'être fort soutenu. Des activités autour du Petit Prince auront aussi lieu tous les jours au stand Gallimard Jeunesse.