Ils s'appellent Pham, Raghdah, Temel, Liu, Igor. Ils sont en prison pour avoir réclamé ou, pire, exercé leur liberté de parole. Ils sont écrivains et nouvellistes, poètes et blogueurs, éditeurs et journalistes. Gens de mots et de parole, ils sont des milliers dans le monde, réduits au silence par des régimes qui ont peur des deux.

Chaque année depuis 11 ans, Amnistie internationale (www.amnistie.ca) et le PEN International (penquebec.org) en choisissent 10 que l'Union des écrivains québécois (UNEQ) jumelle à autant de ses membres qui dédicaceront à leurs collègues emprisonnés un de leurs livres. Cette chaîne de solidarité s'appelle Livres comme l'air.

«Le Salon du livre nous accueille gracieusement depuis huit ans», nous dira Denise Pelletier, responsable du programme à l'UNEQ. Cette année, c'est Michel Désautels, de Radio-Canada, qui animera la cérémonie de lecture des dédicaces. «Amnistie et le PEN s'occupent de faire parvenir l'ouvrage dédicacé aux écrivains emprisonnés, explique Mme Pelletier. Quand ça ne constitue pas un danger pour ceux-ci... À notre stand, on présente une courte biographie des écrivains québécois qui ont accepté de participer et des écrivains étrangers à qui ils sont jumelés. Devant chaque tandem, une chaise vide nous rappelle que ces derniers ne peuvent être parmi nous...»

Le romancier et essayiste Jean-Jacques Pelletier avait été jumelé au Cubain Ricardo Severino González Alfonso, mais le journaliste a été libéré en juillet avec cinq de ses collègues; tous ont dû s'exiler en Espagne avec leurs familles.

Alfonso a été «remplacé» par le blogueur égyptien Abdel Kareem Nabil Suleiman, connu sous le pseudonyme de Kareem Amer, emprisonné en 2006 pour, entre autres, «incitation au renversement du régime» et «circulation d'idées nuisant à la réputation de l'Égypte». Des idées comme le mauvais sort fait aux femmes...

«Il est important de soutenir les gens qui se battent pour la liberté d'expression», dit Jean-Jacques Pelletier, auteur de La faim du monde (Alire). «Une liberté que, dans nos sociétés, nous tenons souvent pour acquise et que nous bafouons nous-mêmes de différentes façons. Entre autres, en ne prenant aucune action pour corriger des problèmes sur lesquels tout le monde s'est exprimé.»

Le public peut faire ses propres dédicaces au stand de Livres comme l'air.

Lecture des dédicaces vendredi, 20h, au Carrefour Desjardins.