Les 19 tomes des aventures de son inspecteur Canardo, grand privé devant l'éternel, ont été lus et relus par des fans de tous âges et de tous horizons. Chef de file de la BD européenne, dessinateur, scénariste et concepteur de jeux vidéo, le Belge Benoît Sokal vient tout juste de faire paraître, chez Flammarion-Casterman, Kraa, la vallée perdue, bédé qui traite de nature et d'écologie.

Avec les nouvelles technologies et l'arrivée des médias sociaux (Facebook, Twitter, blogues...), le métier d'écrivain a-t-il beaucoup changé?

Pour ce qui est de la bande dessinée, incontestablement: les nouvelles technologies ont, depuis 15 ans, radicalement changé notre manière de travailler. L'ordinateur, la tablette graphique ont non seulement modifié l'approche du dessin et de sa colorisation, mais aussi vulgarisé, auprès des auteurs de BD, les techniques de la photogravure, de la reproduction et de l'archivage. L'internet, en dématérialisant la création, a rendu celle-ci rapide, spontanée et immédiatement accessible à des lecteurs extrêmement réactifs. Les réseaux sociaux amplifient le phénomène par l'efficacité de leurs effets d'annonce...

La littérature est-elle encore le miroir de son époque?

Pourquoi pas? Mais un miroir parmi d'autres... Beaucoup d'autres.

Quels sont les enjeux de notre époque qui vous touchent et vous inspirent?

L'écologie et le partage des richesses.

À l'ère de la haute vitesse et des communications instantanées, pourquoi prendre le temps de lire et d'écrire?

La réalisation d'une bande dessinée est parfois un travail de bénédictin. Sa lecture est une activité lente et souvent contemplative. Tant que nous aurons du temps pour ces choses, nous aurons du goût pour celles-ci.

L'avenir du livre passe-t-il par l'édition numérique?

L'avenir de la lecture est numérique, celle du livre non, parce que c'est un objet: un objet éminemment sensuel.

L'animatrice Claudia Larochelle s'entretient avec Benoît Sokal dimanche, 11h45, à l'Agora Van Houtte.