La série des livres Harry Potter «séduit subtilement» et peut «corrompre la foi catholique» des jeunes chrétiens.

C'est ainsi que le pape Benoît XVI, à l'époque cardinal, a commenté l'oeuvre de J.K. Rowling dans une lettre datée du 7 mars 2003 et adressée à Gabriele Kuby, une auteure religieuse connue en Allemagne.Alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Joseph Ratzinger a remercié l'auteure de lui avoir envoyé une copie de son dernier livre, Harry Potter: Good or Evil.

«Il est bien que vous nous éclairiez sur le cas de Harry Potter, puisqu'il s'agit de séductions subtiles, presque imperceptibles, et c'est précisément pour ça qu'elles ont un effet profond et peuvent corrompre la foi chrétienne des âmes qui ne sont pas encore arrivées à maturité», a écrit Mgr Ratzinger, en allemand, à partir du Vatican.

Dans une deuxième lettre, il donne «volontiers» la permission à l'auteure de rendre publiques ses opinions sur le célèbre sorcier à lunettes, dont les prochaines aventures, Harry Potter and the Half-Blood Prince (Harry Potter et le prince de sang-mêlé), atterriront sur les tablettes des librairies samedi. La traduction française doit paraître le 1er octobre.

L'opinion de Benoît XVI n'inquiète pas l'éditeur francophone des aventures de Harry Potter. «Si jamais le livre était mis à l'index, on en vendrait encore plus!» dit Rolf Puls, directeur montréalais des éditions Gallimard, qui s'avoue " stupéfié " par les déclarations du pape.

«Les Harry Potter ont donné le goût de lire à tellement de jeunes, ils ont fait tomber les idées reçues sur la façon d'écrire des livres pour enfants, on ne peut pas condamner des livres comme ça», ajoute l'éditeur.

Gérante de la librairie Paulines, rue Saint-Denis, établissement appartenant aux Filles de Saint-Paul, soeur Jeanne Lemire préfère remettre en contexte les déclarations de Benoît XVI.

«Il a écrit ça lorsqu'il était le gardien de la foi catholique au Vatican, dit la religieuse. À ce titre-là, c'était son devoir, il devait tout passer au peigne fin. Je ne pense pas qu'il redirait ça aujourd'hui!»

Malgré les réticences passées du Saint-Père, la librairie Paulines continuera à vendre des exemplaires des livres Harry Potter, tout comme ceux du Da Vinci Code, d'ailleurs, dont le Vatican a récemment souhaité la mise à l'index.

«Si on condamne tous les livres qui font appel à l'imaginaire, on pourrait en condamner beaucoup!»