La prison de Guantanamo Bay est structurée de manière à récompenser, par divers privilèges, les détenus les plus conciliants.

Les 500 prisonniers sont répartis entre cinq unités de détention. L'une d'entre elles est une prison distincte à haute sécurité, partiellement automatisée, récemment construite par le géant américain Halliburton.Les quatre autres forment Camp Delta, un centre de détention en bord de mer qui est entouré par une double clôture métallique couverte de barbelés et des miradors.

C'est dans l'unité 4 du camp Delta que les conditions de détention sont les plus favorables. Les détenus, vêtus de blanc plutôt que d'orange, dorment dans des dortoirs pouvant abriter jusqu'à 10 personnes et utilisent pratiquement sans contrainte des espaces communs pendant toute la journée.

Lors du passage de La Presse, plusieurs d'entre eux jouaient au soccer. D'autres couraient sous le regard attentif des gardiens.

Les détenus du camp à sécurité moyenne ont aussi accès à des livres, triés sur le volet. «Nous avons plus de 2000 recueils disponibles et ça continue d'augmenter», souligne la responsable de la prison, le commandant Catie Hanft. «Notre plus gros succès est Harry Potter... Ils adorent ça», précise-t-elle.

Les détenus des camps 2 et 3 dorment dans de petites cellules métalliques, qui incluent des toilettes turques. Ils disposent, tout comme les prisonniers du camp 4, d'un exemplaire du Coran, qui est manipulé uniquement, assure Mme Hanft, par des interprètes musulmans, pour ne pas offenser leurs croyances religieuses.

Leur temps de récréation est généralement limité à deux heures par jour. Ils peuvent utiliser des appareils de conditionnement physique placés dans des salles extérieures grillagées.

Les détenus «indisciplinés», qui cherchent par exemple à lancer de la nourriture, des excréments ou de l'urine sur les gardiens ou à les frapper, sont placés dans des cellules recouvertes de plexiglas ou dans des cellules d'isolement.

Au camp 5, censé héberger les détenus «de haute valeur», les cellules sont entièrement fermées par de lourdes portes métalliques. Et le temps de récréation est restreint.

«Il y a beaucoup de carottes et de bâtons à Guantanamo pour inciter les détenus à se conformer à nos directives», souligne Mme Hanft.

L'un des ex-commandants de la base, le général Geoffrey Miller, avait poussé l'exercice un cran plus loin, en 2003, en liant l'obtention «d'objets de confort» à la collaboration des détenus durant les interrogatoires.

Cette approche est aujourd'hui chose du passé, assure la responsable de la prison. Les responsables des interrogatoires n'en conservent pas moins la main haute sur l'information officielle à laquelle peuvent avoir accès les détenus.

On peut ainsi voir dans chaque cour de récréation des panneaux, écrits en arabe, en pachtou ou en ourdou, sur lesquels figurent des nouvelles de différents pays du Moyen-Orient. Celui sur l'Irak présente des extraits de la Constitution irakienne, adoptée il y a plus de six mois.