Ça a été la dernière de mes quatre nuits blanches avec Harry Potter. La première datait de la sortie de Harry Potter and the Goblet of Fire. L'expérience aidant, je me suis «entraînée» en ne lisant qu'en anglais au cours des dernières semaines. J'ai fortement suggéré à ceux qui partagent mon toit d'aller passer le week-end à la campagne. J'ai tenté d'oublier tout ce que j'ai lu, entendu, dit et écrit sur Harry Potter and the Deathly Hallows au cours des derniers jours. Hier à minuit trente, mon roman en main, assumant ma «pottermanie» (fonctionnelle), j'ai plongé. Pendant 12 heures. Alors? Alors...

Les aventures de Harry Potter ne sont pas une série de sept livres mais bel et bien un long, très long roman. Et J.K. Rowling est une conteuse qui a non seulement du talent et de l'imagination, mais aussi un souffle exceptionnel. Elle le prouve en mettant, au bout de 10 ans, un point final très satisfaisant à une saga fantastique, une quête initiatique prenante, qui aura passionné des millions de personnes de tous âges sur la planète.La dernière phrase de ce très attendu Harry Potter and the Deathly Hallows (Bloomsbury) donne des frissons tant elle est appropriée et... finale, justement.

Avant cela, à la lecture des 607 pages que compte le roman, il devient évident que la romancière n'exagérait pas quand elle affirmait tout connaître, avant même de se mettre à l'écriture, du destin de ses personnages. Dans ce septième et dernier épisode, elle donne des réponses à des intrigues (volontairement) laissées ouvertes dans les tomes précédents. Quand elle sort ce qui pourrait sembler des lapins de son chapeau, on se rend compte qu'en fait, elle avait laissé des indices menant à eux, ici et là, dans son oeuvre. Et puis, combien d'anecdotes que l'on croyait sans conséquences, d'objets que l'on pensait sans importance, de personnages que l'on avait oubliés, refont surface et trouvent leur (vraie) place!

Rien de cela n'a pu être improvisé.

Concrètement, que dire sans tout révéler? Harry, qui va avoir 17 ans, est à la croisée des chemins. En compagnie de Ron et d'Hermione, oui. Il doit, Dumbledore le lui a dit, trouver et détruire les Horcruxes, ces objets dans lesquels Voldemort a caché une partie de son âme - c'est le seul moyen de détruire le Seigneur des Ténèbres. Mais Harry, aussi grâce à Dumbledore, se trouve sur la piste des Reliques de la Mort (du titre de la version française qui sortira le 26 octobre) - trois objets qui permettent à leur détenteur de vaincre la Grande Faucheuse et qui ne doivent donc surtout pas tomber entre les mains de Voldemort...

Alors, les Horcruxes ou les Reliques?

Une double quête, pendant laquelle le passé revient en force et teinte douloureusement le présent. Et où plusieurs personnages, au moment des choix cruciaux, révèlent des facettes (in)attendues. Tout cela sur fond de guerre, puisque les Mangemorts sont maintenant partout. Il y aura donc des morts dans les deux camps. Plusieurs. Et pas que dans les dernières pages. Je n'en dis pas plus sur le sujet, de peur de recevoir un Avada Kedavra par courriel.

Mais, conclusion oblige, The Deathly Hallows compte beaucoup de passages explicatifs. Et puis, J.K. Rowling, à la manière de Tolkien avec la Terre du Milieu, ayant déjà beaucoup révélé sur l'univers qu'elle a créé, offre ici moins de ces trouvailles qui nous ont jetés à terre dans les premiers temps. Enfin, peut-être parce qu'il y a tant à éclaircir et à boucler, et qu'il fallait éviter la lourdeur, les épisodes mettant en scène deux ou trois personnages se multiplient au détriment des «numéros» de groupe - d'où l'impression d'ampleur réduite qui colle à certains pans du récit. Impression qui disparaît bien sûr au final.

Quant à la dernière page, on la tourne avec, déjà, une impression de vide. Ça a été une belle aventure.