Les disques se vendent moins qu'avant et les cotes d'écoute du gala de l'ADISQ varient beaucoup selon les années. Pourtant, la grande fête annuelle de l'industrie du disque et du spectacle provoque encore des retombées immédiates pour les artistes qui y participent.

L'an dernier, les artistes qui ont gagné un Félix au gala de l'ADISQ ont vu leurs ventes de disques augmenter de 125 % en moyenne au cours du mois suivant. Les gagnants de l'Autre gala de l'ADISQ, eux, ont profité d'une augmentation moyenne de 80 %.

Le gala dominical de l'an dernier fut pourtant le moins regardé des 10 dernières années, avec des cotes d'écoute de 865 000 téléspectateurs. On ne s'attendait évidemment pas à garder les 1 661 000 spectateurs qui avaient suivi le 30e gala mettant en vedette Céline Dion en 2008, mais la chute a été vertigineuse. L'ADISQ a analysé les cotes d'écoute avec Radio-Canada et en est arrivée à une conclusion étonnante : après un bon début, le public a migré vers les réseaux spécialisés d'information pour suivre les résultats des élections municipales.

N'empêche, le gala dominical de l'an dernier a tout de même eu un impact sur les ventes de disques, quoique moindre qu'en 2007, la dernière année où on l'avait mesuré pour constater une augmentation moyenne des ventes de 150 %. «On peut dire qu'en général, un artiste qui vendait 100 disques par semaine avant le gala en vend le double pendant chacune des quatre semaines qui suivent, indique Céline Laberge, productrice du gala. Après, c'est la période des Fêtes et il y tellement de facteurs en jeu qu'on ne calcule pas cette période-là.»

À l'avenir, les réseaux sociaux fourniront peut-être une autre mesure de l'intérêt que suscite un gala comme l'a constaté l'ADISQ lundi dernier, mentionne Céline Laberge. «On le voit aussi dans le vote du public qui nous suit bon an mal an malgré de petites variantes, ajoute-t-elle. En fait, on voit un impact sur les ventes dès qu'on annonce les nominations, autour du 15 septembre. Pas pour rien que tout le monde en nomination se dépêche d'aller coller la petite pastille sur son disque.»

Propager le buzz

Éli Bissonnette, jeune patron des labels Dare To Care (Malajube) et Grosse Boîte (Coeur de pirate, Tricot Machine) n'a pas toujours senti qu'il avait sa place à la grande fête annuelle. «Catapulté» dans le CA de l'ADISQ, il avoue qu'il ne savait pas dans quoi il s'embarquait, mais constate aujourd'hui que même s'il est le plus jeune autour de la table, il est toujours un des premiers à lever la main pour faire partie d'un sous-comité de travail.

«À l'époque, je venais d'un petit label  avec des petits disques punk-rock et je ne me sentais pas concerné, dit-il. Je pense que l'ADISQ s'est beaucoup ouverte sur le milieu plus émergent ou alternatif. Le gala a pas mal rajeuni en restant très grand public, mais en osant aussi des petites pointes. Oui, on fait Ginette Reno parce qu'elle mérite totalement sa place au gala, mais on fait aussi Radio Radio. Cette année, il y a Maxime Landry et Bernard Adamus. Dans toute l'année, il n'y a qu'à l'ADISQ qu'on peut voir tout ce monde au même party. Je trouve ça cool.»

Indépendamment des statistiques, Bissonnette constate les retombées du gala sur le terrain: «Parfois, il y a un petit phénomène montréalais, un bon buzz, mais qui n'est pas propagé partout au Québec. Le gala est une grosse vitrine qui va inciter une personne à aller acheter ton CD ou des programmateurs de festival un peu frileux à t'inviter si tu gagnes un ou deux Félix. Quand Pierre Lapointe a tout raflé, en 2005, son premier album était déjà disque d'or et il avait le vent dans les voiles. Mais à partir de là, sa carrière a décollé. Quand il a lancé La forêt des mal-aimés quelques mois plus tard, c'était l'album le plus attendu de l'année.»

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LE 32e GALA DE L'ADISQ, animé par Louis-José Houde, Radio-Canada, demain à 19 h 30.