Puisqu'il a remporté le Félix du choix de la critique en plus de celui du meilleur album rock, et qu'il a fait de colorés discours (c'était à prévoir), on peut dire que Jean Leloup a volé la vedette du bien nommé premier gala de l'ADISQ, qui avait lieu au Métropolis, hier soir.

«Oui, cela me fait plaisir. Mais le premier buzz, c'est de remplir mes salles», a dit en coulisses à La Presse celui qui aura totalisé 11 Métropolis à guichets fermés au terme des prochains mois.

C'est la fin d'une grande année pour Leloup, lui qui a vendu plus de 80 000 exemplaires d'À Paradis City - un exploit pour un album québécois en 2015.

Un autre qui a réalisé une prouesse similaire est Bobby Bazini - absent hier -, justement lauréat du Félix de l'album anglophone de l'année avec Where I Belong, acheté plus de 135 000 fois.

Comme Leloup, Pierre Lapointe a aussi quitté le Métropolis avec deux trophées, hier soir. En tant qu'artiste s'étant le plus illustré hors Québec et pour le meilleur album de réinterprétation avec Paris tristesse. Il a accepté le premier prix avec plaisir. «J'ai travaillé en tabarnak en France. Vous n'avez pas idée [...]. Ce n'est pas toujours facile, l'exil.»

Quant au second prix, il l'a gagné en soulignant qu'il s'était repris... lui-même

Plusieurs sous-genres

Au Gala de l'ADISQ, il n'y a pas de catégorie finale de l'album de l'année qui consacre en grand un groupe ou un artiste. Les catégories du meilleur album sont divisées en plusieurs sous-genres.

Dans leurs catégories respectives, le premier gala (aussi appelé Autre Gala) a couronné hier Maxime Landry (meilleur album country), Bïa (musiques du monde) et Eman X Vlooper (rap). Le duo dérivé d'Alaclair Ensemble a tenu à remercier le patron de son label 7ième Ciel, le rappeur Anodajay, de son vrai nom Steve Jolin. Le hip-hop a gagné ses lettres de noblesse grâce à des entrepreneurs comme lui, a fait valoir Eman X Vlooper. «Les gens qui aiment le hip-hop ont maintenant des postes décisionnels», souligne Vlooper. «Il y a un plus grand respect, et le hip-hop influence tellement la pop», ajoute Eman.

Galaxie s'est illustré avec Zulu dans la catégorie de la musique alternative. Le Félix du meilleur album traditionnel est allé au Vent du Nord pour Têtu. Emie R Roussel Trio s'est distingué dans la catégorie jazz. Angèle Dubeau & La Pietà ainsi que Janina Fialkowska ont brillé dans les catégories de musique classique.

Meilleur vendeur de la dernière année? Fred Pellerin pour Plus tard qu'on pense. Meilleur spectacle d'humour? Pas trop catholique de Cathy Gauthier. Meilleur clip? Pierre Kwenders pour celui de Mardi gras, réalisé par Epher Heilland. «Je suis arrivé dans ce pays à 14 ans. Je n'aurais jamais imaginé être ici sur ce podium, a déclaré le Montréalais d'origine congolaise. C'est un honneur.»

Enfin, soulignons que les Barr Brothers ont gagné le Félix du meilleur spectacle anglophone, en plus de s'être illustrés comme réalisateurs de l'année dans le gala dit de l'industrie qui avait lieu plus tôt au Club Soda.

Brad et Andrew Barr, originaires du Rhode Island, ont remercié leur ville d'adoption, Montréal.

Le gala «principal» de l'ADISQ aura lieu le 8 novembre à la Place des Arts. Louis-Jean Cormier compte six nominations, tout comme Jean Leloup (dont celles pour lesquelles il a remporté un trophée, hier).

Ariane Moffatt et Isabelle Boulay les suivent avec quatre sélections (au total des deux galas), alors que Patrice Michaud, Alex Nevsky, Galaxie, Marc Dupré et Marie-Mai ont chacun trois chances de gagner un trophée dans les catégories artistiques.

Un gala

Diffusé à MusiquePlus et à MusiMax, le premier gala animé par Olivier Robillard Laveaux - qui était épaulé par Claude Rajotte - a offert des prestations d'Eman X Vlooper, Patrice Michaud, The Seasons, Tire le Coyote, Yoan et Salomé Leclerc.

Alex Nevsky était accompagné d'une super section de cuivres dont faisait partie le trompettiste Jacques Kuba Séguin.

Un tapis rouge a précédé la remise de prix. Oui, Karine Vanasse accompagnait sa nouvelle flamme, le rappeur Samian.

Rodée au quart de tour en deux heures pile, la soirée a démarré par un mash-up des chansons Miami d'Ariane Moffatt et Mécaniques générales de Patrice Michaud avec une finale avec Louis-Jean Cormier.

Olivier Robillard Laveaux a commencé la soirée en racontant ses souvenirs au Métropolis. Il s'est servi de son passé de critique musical pour faire des blagues sur ses anciens collègues, mais aussi pour faire partager son appréciation des albums gagnants.

Pour l'anecdote, c'est Jean Leloup qui a donné le plus de spectacles en carrière au Métropolis. Il est monté sur scène chercher un trophée de Roi ponpon, hier soir.

«Montre-moi», a-t-il lancé en regardant la caméra «qui bouge toute seule». Une arme de divertissement redoutable dans un gala, ce Leloup.

Son mot d'ordre hier soir: «Lâchez pas!»

C'est dit.

Les gagnants

Album de l'année: alternatif: Zulu, de Galaxie

Album de l'année: anglophone: Where I Belong, de Bobby Bazini

Album de l'année: choix de la critique: À Paradis City, de Jean Leloup

Album de l'année: classique/orchestre et grand ensemble: Ludovico Einaudi: Portrait, d'Angèle Dubeau & La Pietà

Album de l'année: classique/soliste et petit ensemble: Chopin: Complete Mazurkas, de Janina Fialkowska

Album de l'année: country: 3e rue sud, de Maxime Landry

Album de l'année: hip-hop: XXL, d'Eman X Vlooper

Album de l'année: jazz: Quantum, d'Emie R Roussel Trio

Album de l'année: meilleur vendeur: Plus tard qu'on pense, de Fred Pellerin

Album de l'année: musiques du monde: Navegar, de Bïa

Album de l'année: réinterprétation: Paris tristesse, de Pierre Lapointe

Album de l'année: rock: À Paradis City, de Jean Leloup

Album de l'année: traditionnel: Têtu, du Vent du Nord

Spectacle de l'année: anglophone: Sleeping Operator, des Barr Brothers

Spectacle de l'année: humour: Pas trop catholique, de Cathy Gauthier

Vidéoclip de l'année: Mardi Gras, de Pierre Kwenders

Artiste québécois de l'année s'étant le plus illustré hors Québec: Pierre Lapointe