Julien Clerc est aux FrancoFolies pour nous présenter le spectacle symphonique qu'il promène en Europe depuis janvier, ce soir à la salle Wilfrid-Pelletier, accompagné de musiciens de l'Orchestre Symphonique de Montréal.

Quarante ans de carrière, des succès à la pelletée, une voix reconnaissable entre toutes: Julien Clerc reste une valeur sûre de la chanson française, un indémodable qui, à 64 ans, fait encore courir les foules - après trois représentations au Palais des congrès de Paris en janvier, il vient de donner huit spectacles supplémentaires au Palais des sports.

Pour son plus récent disque, Fou, peut-être, le chanteur a sollicité la plume de paroliers de différentes générations, d'Alex Baupain à Charles Aznavour, prouvant qu'il a toujours du flair et qu'il sait se renouveler tout en restant fidèle à la chanson de variété de qualité. Le chanteur a accordé une entrevue à La Presse à la veille de son passage à Montréal.

Q: Est-ce que nous aurons à Montréal le même spectacle que vous avez donné en Europe?

R: Nous sommes présentement en répétition pour faire quelques modifications. Par exemple, pour Montréal, nous ajouterons deux chansons que j'ai écrites avec Luc Plamondon, Quand je joue et La fille aux bas nylon. Mais oui, c'est le même spectacle, avec un pianiste, un batteur et 40 musiciens. Mais l'orchestre symphonique ne change pas l'énergie, et le son est résolument pop.

Q: Qu'est-ce que la version symphonique apporte à vos anciennes chansons?

R: Ces arrangements rejoignent ceux de mes débuts, à une époque où j'écrivais dans une rythmique plus symphonique. Là où ça entre plus en contradiction, c'est avec mes chansons électriques, comme Venise ou Si on chantait, dont les originales sont plus rock. Mais c'est amusant à faire, et ça rend le chanteur très heureux. Un orchestre symphonique, c'est comme un tapis magique, ça porte.

Q: Comment expliquez-vous votre longévité?

R: J'aime la musique, et j'ai toujours voulu écrire d'abord de bonnes chansons. J'aime mettre des textes en musique, c'est pour ça que je me considère comme un chanteur «français» - même si je suis le résultat de plusieurs influences, autant de la grande chanson française que du rock et de la pop anglaise, et même de la musique classique. Je dirais en fait que ma musique est intemporelle et qu'elle peut ainsi s'adapter de plein de façons différentes. C'est ça, j'ai la chance d'être un compositeur intemporel.

Q: Alex Beaupain et Julien Doré, mais aussi Aznavour et Le Forestier: vous aviez le désir, pour Fou, peut-être, de faire appel à des paroliers de plusieurs générations?

R: Oui. Je vois qu'il y a un renouveau de la chanson française, des jeunes qui écrivent très bien, avec au premier rang Alex Beaupain. J'ai eu envie qu'ils m'écrivent des chansons, je les ai appelés, et même si on ne se connaît pas, ils ont écrit des textes qui me ressemblent. Mais je n'impose jamais de thèmes aux paroliers: être interprète-chanteur, c'est comme être acteur, c'est un rôle qu'on endosse, c'est pour ça que ces textes me vont bien.

Q: Pourquoi continuez-vous à faire des spectacles?

R: Il n'y a pas de raison d'arrêter. S'il n'y avait pas d'oreilles pour écouter, par contre, ça s'arrêterait naturellement! La scène, c'est mon métier, et le but du chanteur reste de chanter devant les gens. Tout le reste est moins passionnant. Dans mon travail, il y a deux grands moments: celui où on fabrique la chanson et celui où on la chante en public. La scène, c'est la récompense de tout, l'endroit où je suis vraiment heureux.

Q: Votre voix est toujours aussi puissante, toujours aussi juste. C'est un don du ciel ou beaucoup de travail?

R: La voix, il faut la travailler, car comme le reste des fonctions humaines, elle décline en vieillissant. J'ai longtemps chanté comme ça, sans technique, pendant au moins 10 ans, 15 ans. C'est comme pour un joueur de tennis: ce n'est pas tout d'avoir un bon coup droit. Pour progresser, il faut travailler, et c'est ce que j'ai fait. Je vous dis ça de l'autre côté de l'Atlantique, et il n'y a rien de pire pour la voix que l'avion! J'espère faire mentir ça... Isabelle Boulay m'a donné un truc et conseillé de ne pas arriver trop d'avance: comme ça, on reste dans l'énergie du voyage, et c'est moins dommageable.

Julien Clerc, ce soir à 20h à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Première partie: Amélie Veille.