Il fut un temps lointain où Arcade Fire jouait en première partie des Unicorns, alors considérées parmi les incontournables de la scène indie montréalaise. Dix ans après leur séparation, les Licornes sont de nouveau réunies : invitées à participer quelques fois à la tournée du groupe de Win Butler, elles se produiront en clôture de Pop Montréal.

Originaires de Campbell River, en Colombie-Britannique, Alden Penner et Nicholas Thorburn avaient migré dans notre île afin d'y faire éclore un certain groupe qui fait aujourd'hui l'objet d'un culte certain.

« Avant de venir à Montréal, nous faisions des chansons ensemble. Il n'y avait rien de très sérieux là-dedans. Lorsque nous nous sommes installés au Québec, nous avons pu hausser ça à un autre niveau », raconte Alden Penner.

En plein âge d'or indie, le contexte était on ne peut plus propice à l'éclosion d'un band aussi singulier que The Unicorns.

« À l'époque, il n'y avait pas autant de groupes à Montréal, on se sentait à l'aise au sein de cette scène encore petite. On prenait de la place ! Et c'était aussi une façon pour nous de socialiser », explique le chanteur, auteur et compositeur dans un français exemplaire - après tout, il a passé sa petite enfance dans la région de Québec, alors que son père étudiait la foresterie à l'Université Laval.

Ainsi, The Unicorns ont connu leur véritable éclosion à Montréal. « C'était la synthèse de deux esprits créatifs et indépendants qui avaient mis en commun leurs idées et leurs efforts. C'était sincère, c'était viscéral, et ce n'était pas vraiment planifié », souligne Alden Penner.

Sous étiquette Alien8, l'album Who Will Cut Our Hair When We're Gone?, ultime enregistrement du groupe, a été lancé fin 2003. Le percussionniste Jamie Thompson s'était alors joint au tandem. Une année de tournée a suivi la sortie de cet opus aujourd'hui considéré comme essentiel à toute discothèque indie.

« Il était devenu irritant de jouer les mêmes chansons de ville en ville. Nous en avions composé de nouvelles qui n'ont pas été enregistrées. Et les tensions latentes entre nous étaient devenues plus vives. Il faut dire qu'elles faisaient partie de notre musique. »

Raconte Alden Penner

Les musiciens n'ont réalisé l'impact des Unicorns que plus tard. « En tournée avec nos propres projets, nous avons rencontré de plus en plus de gens qui citaient The Unicorns parmi leurs influences. »

Reprendre du service

Après la dissolution du groupe, Alden Penner a fondé Clues, qui n'existe plus. Toujours établi à Montréal, il se produit désormais sous son propre nom ; en témoigne le très bel album Exegesis (sorti en février), dont il jouera la matière à Pop Montréal avec ses musiciens. « Je pourrai aussi compter sur un quatuor à cordes. Les arrangements sont écrits par un musicien de Québec, Jean-Michel Letendre-Veilleux, qui avait déjà arrangé des chansons des Unicorns. »

Quant à Nicholas Thorburn, il roule sa bosse avec la formation Islands, qu'il a fondée à Montréal avant d'aller vivre aux États-Unis. Cinq albums ont été enregistrés depuis l'arrivée de sa « principale énergie ».

« En 2007, je me suis installé à New York, j'y ai vécu jusqu'en 2012 pour ensuite m'établir à Los Angeles. Je suis un gars de la côte Ouest, j'en aime le rythme et le climat. Je tourne sans cesse ! J'essaie de gagner ma vie, de satisfaire mon esprit créatif, avec toujours cet espoir d'être reconnu. Je me préoccupe de l'avenir et du présent. Je n'ai pas le luxe de réfléchir à mes réalisations passées », résume Thorburn, joint en Floride lors d'une escale d'Islands.

Pour sa part, Jamie Thompson oeuvre désormais au sein de la formation Esmerine, née aussi à Montréal. Alors ? Si chacune des trois Licornes est mobilisée par ses projets respectifs, pourquoi reprendre ensemble du service ?

Alden Penner fournit la réponse : « Nous en avions discuté au fil des ans, mais c'était de moins en moins possible, vu nos activités. L'idée est revenue sur le tapis lorsque nous avons envisagé de rematricer le dernier enregistrement des Unicorns. Win Butler en a eu vent, il nous a contactés, et voilà. »

« Nous avons mis en ligne de nouvelles chansons sur SoundCoud ; nous sommes prêts à réévaluer si cette relation peut être de nouveau créative.

Ainsi, The Unicorns se sont produites à cinq reprises en première partie d'Arcade Fire, soit à Los Angeles et New York.

Y aura-t-il une suite des choses, après Pop Montréal ? « Nous n'en sommes pas là, dit Alden Penner. Nous fermerons d'abord cette parenthèse, nous verrons ensuite. »

Au Métropolis le 21 septembre. Alden Penner et son groupe sont attendus le 18 septembre, à la Sala Rossa.