Dans une marmite fumante à souhait, Yamantaka // Sonic Titan brasse allègrement théâtre nô, chants rituels bouddhistes, pop japonaise, opéra rock, chants amérindiens, comédie musicale, punk rock, prog ou métal ! Apparemment étrange et disparate, cette mixtion exhale une saveur bien réelle et porte de réelles qualités artistiques. À tel point que le premier album de Yamantaka (YT//ST, autoproduit) s'est taillé une place parmi les finalistes au prochain Prix Polaris.

Alaska B, une des deux têtes de Yamantaka // Sonic Titan (l'autre étant Ruby Kato-Attwood), en résume l'hypothèse artistique : « Nous vivons à une époque post-post-moderne, la culture émanant de l'internet nous permet de tout repiquer.  L'idée repose sur le déclin et la mort des genres classiques, ce qui n'empêche pas de s'en inspirer. Mais comment combiner tous ces aspects? Comment les réunir ? Notre vision du monde est une sorte de mashup. »

Ces jeunes femmes de talent ne se considèrent pas pour autant comme des mashuppers.

« Nous combinons des références et non des fragments d'oeuvres déjà existantes. Nous ne souscrivons pas non plus à un genre... Au fait, qu'est-ce qu'un genre en 2012 ? Pour être plus précise, je dirais que nous formons un groupe rock avec beaucoup d'éléments inspirés du théâtre et l'art visuel. Nous sommes multidisciplinaires, nous ne nous limitons pas à l'expression musicale:  nous proposons des installations audiovisuelles, nous créons nos propres animations par ordinateur pour les vidéos de nos chansons. Nous sommes même en train de créer un jeu vidéo lié au concept. »

Ruby et Alaska B se sont connues à l'université Concordia il y a sept ans.  Cette dernière résume le parcours:  «Ensemble, nous avons d'abord mené un projet impliquant musique et arts visuels. Nous avons ensuite fait partie du groupe Lesbian Fight Club, qui s'exprimait dans la région de Montréal. Lorsque ce groupe s'est dissolu, nous avons démarré ce projet nommé aujourd'hui Yamantaka // Sonic Titan. Le concept reposait sur nos sangs mêlés, puisque nous sommes toutes deux à demi asiatiques - j'ai des origines chinoises et Ruby des japonaises.

«Ainsi, nous essayons de trouver ce que ces deux cultures ont en commun puisqu'elles se sont influencées mutuellement au fil du temps. Par exemple, j'ai été marquée par la musique pop chinoise avec laquelle j'ai grandi mais aussi par la j-pop (pop japonaise)... dans un contexte nord-américain. D'où cette mixture de rock américain et musique traditionnelle asiatique. L'univers de Yamantaka // Sonic Titan s'est ensuite étendu à d'autres cultures; Premières Nations, Asie du Sud, etc.

«À l'origine nous ne faisions que des spectacles, sortes d'opéras rock artisanaux avec costumes, décors, etc. Depuis que j'ai quitté Montréal pour Toronto, cependant, nous avons surtout consacré nos énergies à la création de notre album. L'album est maintenant sorti, nous essayons de remonter sur scène autant que faire se peut. À Montréal, par exemple, nous ferons une séquence de notre «musical», soit d'une durée exacte de 33 minutes avec vidéos synchronisés: c'est l'histoire d'un travesti qui veut en liquider un autre pour ainsi devenir la tête d'affiche d'un club! L'autre partie du concert sera exclusivement consacré à la musique.»

Étourdissant à vue de nez!

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Dans le cadre de Pop Montréal, Yamantaka // Sonic Titan se produit ce vendredi, 22h,  au Théâtre Rialto.