Julia Holter est une figure émergente à suivre de près sur la scène internationale. Native et résidante de Los Angeles, elle a grandi dans une famille de musiciens. Diplômée du California Institute for the Arts, elle a aussi fait des études de composition à l'Université du Michigan. Compositrice de formation, elle a choisi une autre voie, qui l'a menée ailleurs. Notamment à Pop Montréal, pour une première fois.

L'écoute de ses albums, Tragedy (2011) et Ekstasis (2012), met en évidence plusieurs cousinages dans son oeuvre encore jeune: minimalisme américain, musiques anciennes, musiques électroniques, folk moderne, pop indie, harmonies classiques, jazz contemporain, on en passe. On dit qu'elle évolue sur des territoires (très relativement) comparables à Laurie Anderson, Meredith Monk, Grouper et autres Juliana Barwick.

Jointe en Californie, elle résume son parcours et... sa déviation.

«À l'université, j'étais très timide, mal à l'aise parce que j'étais nouvelle dans le domaine. J'avais peur de faire des erreurs, et j'en commettais! Je n'éprouvais pas beaucoup de plaisir dans ce contexte, même si j'ai aimé apprendre à maîtriser les bases de la composition sérieuse. J'ai beaucoup appris, ce fut important, mais... une personne de mon genre ne pouvait y puiser le gros de son inspiration. J'étais un peu perdue. Je ne pouvais donner le meilleur de moi-même.»

Une fois sortie de l'université, Julia Holter a commencé à écrire pour des ensembles de musique contemporaine. Période laborieuse, dit-elle.

«Je passais beaucoup de temps sur ces partitions, trop de temps, je crois. En quatre ans, je n'ai écrit que cinq pièces qui se tiennent! Je n'ai trouvé mon véritable terrain de création que lorsque j'ai commencé à enregistrer seule», explique-t-elle.

La découverte

À partir de là, tout a débloqué. Julia Holter fait désormais partie de cette cohorte de jeunes compositeurs et interprètes capables d'ajouter quelques pierres à l'édifice des musiques créatives et novatrices. Parmi les caractéristiques importantes de ce changement de direction, elle retient la découverte de sa propre voix comme matériau de composition.

«J'aime les musiques qui comportent de la voix, mais j'aime ces musiques au-delà des voix qui en font partie. En d'autres termes, j'aime les chants qui comportent d'importantes parties instrumentales. Il faut dire que la voix est un concept en soi; elle est à l'origine des premières formes de la musique complexe, car les polyphonies ont d'abord été des superpositions de lignes vocales.»

L'organe vocal est aussi important pour Julia Holter, car elle aime les voix déterminantes de notre époque, bien au-delà des musiques sérieuses. Adolescente, elle a découvert Joni Mitchell: ce fut le point de départ d'une connaissance incluant aussi la pop de création et la chanson d'auteur. «Ma musique comporte aussi tout un pan de cette culture personnelle.»

Depuis récemment, elle se produit avec le violoncelliste Christopher Votek et le batteur Corey Fogel, des amis de Los Angeles. Sur scène, elle chante et joue les claviers. «Je réarrange mon travail pour les concerts. C'est très différent de mes albums. Bien sûr, j'aimerais avoir plus de musiciens, mais je dois garder ça simple pour l'instant.»

Julia Holter, demain à 21h, église St. John the Evangelist.