David Byrne vient d'avoir 60 ans, et son influence sur une nouvelle génération de musiciens atteint un sommet. Love This Giant, album duo avec St.Vincent, au programme vendredi soir à Pop Montréal, est l'un des événements discographiques de la rentrée. Arrive en même temps son nouveau livre, How Music Works, qui fera l'objet d'une conversation avec Win Butler d'Arcade Fire, samedi. L'événement affiche déjà complet. Comment un sexagénaire peut-il ainsi voler la vedette d'un festival de découvertes et de la relève musicale? Voici quelques éléments de réponse.

«Ses cheveux sont cool, ses vestons sont cool, et il roule à bicyclette!», dit en blaguant Daniel Seligman, directeur de Pop Montréal, qui est fier d'avoir obtenu cette quasi-exclusivité. St.Vincent et David Byrne commencent tout juste leur tournée, et ce tête-à-tête public entre l'ex-Talking Heads et le chanteur d'Arcade Fire, samedi à la Fédération ukrainienne, sera l'une des deux seules apparitions canadiennes de la pop star conférencière.

Si Byrne jouit d'un tel statut depuis quelques années sur la planète indie, c'est parce qu'il n'a jamais cessé d'être curieux, «contrairement à tant d'autres artistes de sa génération qui se contentent de répéter ce qu'ils ont déjà fait. Il cherche encore à se réinventer, et en ce sens, je crois qu'il représente bien l'esprit de la musique underground».

Depuis sa séparation en 1991, le quatuor new wave/art punk new-yorkais Talking Heads n'a pas vraiment perdu de sa superbe - après tout, le nom Radiohead est piqué du titre d'une chanson de l'album True Stories. Son leader David Byrne est devenu un phare de la musique indie, dans la foulée d'un retour du post-punk dans les années 2000. LCD Soundsystem et Arcade Fire, pour ne nommer qu'eux, se sont ouvertement réclamés de l'influence de l'ancien groupe. «Byrne, Talking Heads, c'est l'avant-garde», affirme Daniel Seligman.

Donner un sens

Ainsi, on doit sa venue au travail du libraire (et éditeur) indépendant Drawn&Quarterly, qui a fait les démarches pour l'attirer à Montréal (le concert a été confirmé par la suite). Selon l'éditrice Julia Pohl-Miranda, «David Byrne est un artiste qui réfléchit beaucoup à la scène musicale, culturelle. Il cherche un sens à tout ça, il se demande à quoi ça sert et comment on y échange, et il le fait avec pertinence, dans son livre comme dans sa musique».

L'ouvrage, son neuvième, aborde la musique de manière analytique et, par moments, anecdotique. Byrne y explore les concepts de l'innovation technologique, du rapport qu'on entretient avec une oeuvre selon le contexte dans laquelle on l'écoute, comme une salle de spectacle ou l'intimité de son iPod. Il touche à la science autant qu'à l'instinct, avec cette plume allumée qui fait de lui le parfait geek du rock. La discussion de samedi avec Butler portera sur la création et la performance scénique.

«Ses livres se sont bien vendus à notre librairie, nous sommes emballés de le recevoir. Et pendant Pop Montréal, c'est le match parfait!», note l'éditrice.