De mercredi à tôt ce lundi (le show de clôture était à 2h du mat), Pop Montréal a présenté une pléthore de concerts inédits. Étourdissant ? Mets-en. Le festival montréalais est désormais comparable aux meilleurs événements mondiaux du genre - South by Southwest, pour citer un exemple archi-connu. Au fil des dix dernières années, c'est devenu LE rendez-vous automnal des hipsters montréalais et bien plus encore.

D'ailleurs, on ne peut que sourire en coin après cinq jours à observer ces jeunes branchés qui, contre toute attente remplissent le Balattou pour y découvrir une chanteuse malienne ou encore faire suer les murs de la Fédération ukrainienne tout en y intégrant un répertoire de musique sacrée choisi par Patrick Watson et ses potes. Dans une autre festival (Jazz, Nuits d'Afrique), on ne les aurait pas vus se pointer pour des propositions similaires qu'ils auraient possiblement trouvées peu attractives voire ringardes... Mais bon, cette branchouille tout de même sympa a le mérite d'ouvrir ses horizons sur un territoire qui lui est familier.

Chose certaine, aucun autre festival montréalais ne favorise un tel ressourcement au chapitre des musiques indies et autres musiques populaires de qualité, toutes générations confondues. Tous les clubs, salles de moyenne taille et lieux incongrus (jusqu'à la boutique de vêtements recyclés !) sont mis à contribution pendant cinq jours, soirs et nuits. Pop Montréal, c'est aussi le confluent de plusieurs réseaux d'influence indé, d'où la grande difficulté d'y repérer d'avance ce qui y sera le plus intéressant... et l'impossibilité totale d'y découvrir tout ce dont on a envie d'y découvrir. Joli problème, indeed.

Coup de coeur

Samedi soir aux Foufs,  la formation berlinoise Atari Teenage Riot nous asséné la plus la grande dégelée avant l'arrivée prochaine du gel nocturne. Jamais n'aurais-je cru que le plus heavy des shows de mon parcours (une bonne quinzaine de concerts)  aurait été le plus marquant. Après une décennie de pause, le retour en force de ces émeutiers (étiquetés digital hardcore avec raison) aurait pu sentir le réchauffé - ou le surchauffé ! Que non. La baffe qu'on a pris, je ne vous dis pas! Alec Empire et ses collègues de scène (Nic Endo et MC CX Kidtronic), fiers anarchos de l'ère numérique ont encore toute leur pertinence au domaine de l'extrême violence sonique.

Coup de chance

Pop Montréal nous offre toujours la chance de faire du rattrapage, qu'il s'agisse de la découverte du mythique Van Dyke Parks et son excellent groupe d'accompagnement, Clare & the Reasons. La meilleure chance cette fois, c'était le passage de Deerhoof, samedi soir à La Tulipe. Programme dense, riches propositions, esprit rock doublé d'un sens réel de la composition contemporaine, ce rock à  la fois savant et sauvage doit être consommé par quiconque s'intéresse à l'avancement des formes sonores.

Coup de pied

Avec cette réputation de guitare héroïne qui la précède, Marnie Stern devrait peut-être réfléchir aux fausses notes récurrentes de son chant... et resserrer son jeu lorsqu'elle se présente devant des fans de guitare qui viennent à sa rencontre. Étrangement, cette performance m'a semblé inférieure à ce que j'ai entendu sur ses albums ainsi qu'à certaines performances live mises en ligne sur la Toile. Dommage... Samedi soir au Cabaret, c'eût été plus réjouissant de découvrir une musicienne hors pair plutôt qu'une performer inégale.

Pop Montréal n'a pas fait mentir sa réputation de festin musical alternatif. Avec plus de 50 concerts par soir, on ne savait carrément plus où donner de la tête. Certes, tout ne fut pas mémorable. Il y avait  beaucoup d'amateurs, de pâles imitateurs et de mauvais chanteurs... Mais on a aussi découvert un tas d'artistes étonnants.