Xiu Xiu à la Fédération Ukrainienne Troisième visite en autant de soirs à la Fédération Ukrainienne, cette fois pour entendre le trio (devenu duo pour cette tournée) californien pop avant-garde Xiu Xiu, mené par le chanteur, guitariste et compositeur Jamie Stewart.

Des potes à Deerhoof (ils sont tous deux sur la même étiquette, Kill Rock Stars), les musiciens de Xiu Xiu proposent une chanson pop opaque et fragmentée, faite de guitare nerveuse, de synthés et de structures angulaires. Musique de contrastes, de conflits aussi: Stewart, de sa voix étrange, très ample, au vibrato très appuyé, porte les mélodies aussitôt troublées par son jeu de guitare plus instinctif qu'étudié et les arrangements massifs de la claviériste Angela Seo.

Le plus récent album du collectif à dimension variable, le troublant Dear God, I Hate Myself, était au coeur de la soirée, entrecoupée de quelques regards dans le rétroviseur d'une discographie étoffée - neuf albums depuis 2002.

On cherchait tout de même un fil conducteur à ce concert en dents de scie. Un concert qui paraissait être une succession de petites vignettes musicales qui, mises bout à bout, ne vont pas toujours bien ensemble. Du plus doux au plus déchaîné, et de même sur la palette des émotions, Xiu Xiu offre une vision kaléidoscopique de la pop. Échevelé, essoufflant, mais non sans quelques belles idées de génie. On aime ou on déteste ou, encore mieux, tout ça en même temps.

Mount Kimbie au Belmont

Côté Belmont, belle ambiance pour la première montréalaise du duo britannique Mount Kimbie (Dom Maker et Kai Campos), qui n'a pas eu à composer avec les problèmes de son de Bonjay la veille.

Le duo dubstep terminait sa courte tournée nord-américaine chez nous, tournée initiée à la faveur du succès critique de Crooks and Liars, son premier album, édité sur l'excellent label Hotflush Recordings du producteur Scuba. Mount Kimbie propose des grooves légers et atmosphériques, une rythmique garage dans l'air du temps, assaisonnée d'échantillonnages et de guitares.

La paire a commencé avec une bonne demie-heure de retard, ce qui nous a permis d'apprécier davantage la sélection du DJ et producteur vancouverois Babe Rainbow (reggae, techno, garage, dubstep). Sur scène, la mixture de Mount Kimbie prend du corps; le rythme y est plus marqué, il faut bien que les gens dansent, ce qu'ils n'étaient pas conviés à faire par cet album d'électro soyeuse de salon.

Aux séquenceur et ordinateur s'ajoutent une batterie électronique et une guitare électrique, que les deux jeunes comparses s'échangent. L'album Crooks and Liars composait évidemment l'essentiel de la performance, mais le duo s'est aussi fendu de quelques inédites. Les seuls moments moins convaincants furent ceux où l'un des deux musiciens chante, comme quoi la polyvalence a ses limites. Pas de grande révélation ici, mais un spectacle de bon goût, bien présenté.