C'était le coup d'envoi de Pop Montréal, hier soir, et il y avait une frénésie dans le Mile-End et au théâtre Rialto, où avaient lieu le cocktail d'ouverture et le défilé des designers finalistes du concours Fashion Pop.

Qu'il est beau le «nouveau» Rialto, racheté par un homme d'affaires qui est en train de donner une autre vie à la salle mythique de Montréal de l'avenue du Parc. C'était presque touchant de voir les lumières allumées sur la marquise et de voir autant de gens réunis à l'intérieur de cette salle somptueuse.

Le Rialto, dont la façade avec «des arcs en demi-cercle ornés de motifs sculptés» (dixit le Centre d'histoire de Montréal) s'inspirait à l'origine de l'Opéra Garnier de Paris, est classé monument historique par Québec et Ottawa. L'édifice, érigé en 1924, a longtemps été un cinéma de quartier.

Avant qu'il ne soit racheté en mars dernier, le Rialto avait été laissé à l'abandon par un propriétaire qui voulait en faire un centre commercial. Mais grâce à la nouvelle direction qui veut en préserver la vocation historique, culturel et artistico-émergent de la salle, voilà qu'il y aura à nouveau des spectacles indie rock au Rialto, où se sont déjà produits Modest Mouse, The Pixies, Violent Femmes et Wolf Parade.

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Mais fin de la leçon d'histoire pour en revenir à Pop Montréal et au concours Fashion Pop. Après avoir vu des mannequins défiler des six designers finalistes, les juges ont arrêté leur choix sur les créations de Natasha Thomas, articulée autour du thème de la «distorsion du réel». Son trenchcoat beige à la coupe réinventée était en effet très réussi. (Avis aux intéressés: https://thomasnatasha.blogspot.com/)

Quelques pas plus loin, à la Fédération ukrainienne, des mélomanes cinéphiles assistaient à la projection de Look at What the Light Did Now, documentaire sur Feist et ses amis/collaborateurs pendant la sortie de l'album The Reminder. Je n'ai malheureusement pu visionner qu'un quart de film, mais je compte le voir en entier dès que l'occasion se présente.

C'est un documentaire qu'adoreront les fans de Feist, mais aussi les amoureux de la musique. Que ce soit quand Gonzales est au piano en robe de chambre, où quand on présente des archives de 2002, soit l'époque où Feist n'était pas connu et qu'elle accompagnait Gonzales pour sa tournée de «rap absurde» Presidential suite.

Il y a beaucoup de scènes d'automne, d'autres dans un salon avec des lumières tamisées, où Feist et ses musiciens tentent d'enregistrer du matériel de façon la plus naturelle qui soit, quitte à ce que des pretzels dans un bol servent de percussions.

Saviez-vous que Feist a enregistré Mushaboom simplement dans sa chambre? C'est ce que nous apprend son complice du collectif Broken Social Scene, Kevin Drew.

Menomena à la Sala Rossa

Quelques coins de rues ne me séparaient de la Fédération ukrainienne à la Sala Rossa, où la salle était pleine à craquer. J'ai même eu peur de ne pas avoir de place. Il fallait qu'une personne quitte pour qu'une autre puisse entrer dans la salle (même les journalistes). À Pop Montréal, il faut toujours s'y attendre...

Le spectacle devait débuter à 22 h, mais à 22 h 15, les musiciens de Menomena étaient toujours en train d'aménager leur matériel sur la scène et de faire des tests de son.

Menomena est un trio qui vient de l'Oregon (et qui a le look grunge qui vient avec), de l'écurie de Barsuk Records. Leur dernier et quatrième album, Mines, est l'un des trésors cachés de 2010.

Menomena a été à la hauteur des attentes, hormis quelques pépins techniques qui ont semblé déplaire au claviériste, qui semble être maniaque au niveau du son.

Ce n'est pas surprenant quand on écoute les chansons du trio (qui est accompagné en tournée d'un guitariste supplémentaire). Même si les arrangements sont très éclatés et qu'il y a beaucoup de «revirements sonores» pendant les chansons, on accroche rapidement aux mélodies. Avec autant de cues à respecter, c'est par ailleurs un tour de force que les musiciens soient aussi tight en spectacle.

Live, il est aussi intéressant de voir que Danny Seim, Justin Harris et Brent Knopft chantent à tour de rôle. Chaque membre du groupe a ses chansons. Des chansons bien à lui, mais qui mises ensemble, forment un tout cohérent.

Les trois musiciens sont des multi-instrumentistes. L'un joue du saxophone et de la basse, l'autre du clavier et du lapsteel, alors que le troisième joue de la batterie d'une main et en secouant un maracas de l'autre, tout en chantant.

C'était la troisième fois que Menomena se produisait à la Sala Rossa. «Moving on up», a blagué le batteur pendant un pépin technique, avant de s'amuser avec le public en lançant des répliques du film The Room.

Il reste que la Sala est l'endroit parfait pour pénétrer dans la bulle des trois trippeux de musique.

Le spectacle de Menomena s'est terminé vers minuit. Il était trop tard pour voir Villagers en face à la Casa del Popolo.

Tant pis. On remet ça ce soir avec Karkwa, The Dears et Bear in Heaven.